Sous ce titre, sur son blog Medium, Olivier Monod, journaliste scientifique, publie une tribune-coup-de-gueule justifiée, signée de nombreux scientifiques et journalistes constatant que la science « est parfois reléguée à un rôle secondaire dans les médias généralistes, et ne bénéficie alors pas de la rigueur journalistique accordée à d’autres sujets. »
La chronique hebdomadaire d’Idriss Aberkane dans Le Point en 2017 en est un exemple emblématique. Présentée comme un travail de vulgarisation scientifique, cette chronique était en fait une collection « d’anecdotes », accompagnées de réflexions à prétention philosophique, qu’« aucune source scientifique ne vient étayer », et simplement fausses pour la plupart.
Malgré de nombreuses critiques émises, « la rédaction du Point n’a jamais répondu. Les chroniques sont toujours accessibles et aucune des erreurs scientifiques dénoncées n’a été corrigée. »
Pour les auteurs de la tribune, « cela semble relever d’un mépris profond et pour le public et pour les sciences. »
Ils mentionnent également un récent reportage de France Culture sur la « “génodique”, “discipline” qui prétend stimuler la production de protéines chez les plantes en leur diffusant des séquences de notes de musique, alors que les preuves scientifiques de son efficacité sont inexistantes » Sur ce sujet, voir « Pour sourire jaune : Faut-il jouer du pipeau aux plantes ? (bis repetita) » sur ForumPhyto.
Les auteurs de la tribune constatent : « les rédactions ont souvent tendance à s’appuyer uniquement sur des “experts” dont l’avis ne fait l’objet d’aucune vérification journalistique. […] À cela s’ajoute l’approche catastrophiste qui caractérise de nombreux reportages sur des sujets “polémiques” tels que les OGM ou les vaccins [NDLR : on pourrait sans peine rajouter les pesticides à cette liste !]. Ces derniers privilégient souvent le sensationnalisme à la rigueur, quitte à présenter sur un pied d’égalité des opinions, des hypothèses non prouvées, et des faits scientifiques établis. »
Conclusion de la tribune : « Pourquoi serait-il moins grave de publier une information scientifique fausse qu’une information politique fausse ?
C’est pourquoi, nous — chercheurs/es, journalistes scientifiques, enseignants/tes, vulgarisateurs/trices — souhaitons réaffirmer notre profond attachement au journalisme scientifique et à la vulgarisation. […] Ni le journalisme ni la vulgarisation scientifique ne consistent à publier des informations douteuses sans vérification ni précaution, pas plus qu’à présenter trompeusement des opinions comme des vérités démontrées. […]
Il appartient donc à tout média sérieux de vérifier qu’il ne propage pas du baratin pseudo-scientifique, en particulier sous couvert de vulgarisation. Une information scientifique fausse est une “fake news” comme une autre. »
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