En Suisse, un groupe « apolitique », mais « pour certains actifs dans le bio », a lancé une initiative populaire visant à interdire toute utilisation de pesticides de synthèse en Suisse. Le débat s’engage.
Le texte de l’initiative demande tout simplement que le texte suivant soit inscrit dans la Constitution suisse : « L’utilisation de tout pesticide de synthèse dans la production agricole, la transformation des produits agricoles et l’entretien du territoire est interdite. L’importation à des fins commerciales de denrées alimentaires contenant des pesticides de synthèse ou pour la production desquelles des pesticides de synthèse ont été utilisés est interdite. »
L’initiative doit récolter 100 000 signatures pour faire l’objet d’une votation.
L’activisme du lobby bio contre l’agriculture conventionnelle et entretenant une phobie anti-pesticides n’est pas une spécificité française. Nous voilà rassurés.
Débat public
La presse suisse rend compte du débat. Par exemple : Le Temps ou Romandie.com.
Nous mentionnerons particulièrement la Tribune de Genève qui, dans « Faut-il interdire les pesticides ? Deux élues débattent » laisse la place à des arguments plus développés dont chacun pourra être juge.
L’argumentation de de Lisa Mazzone, Les Verts, est sans surprise favorable à l’initiative. Pour elle, l’agriculture biologique est « une alternative, bien plus rentable sur le long terme, qui se passe de pesticides ». et une interdiction totale serait non seulement réaliste, mais indispensable pour protéger la santé et l’environnement des suisses.
A l’opposé, pour Simone de Montmollin, PLR (Parti Libéral Radical), l’initiative est « Une mauvaise réponse à un défi majeur ». Pour elle, « La nature est la plus grande usine de produits de synthèse. Plantes, animaux et champignons synthétisent leurs propres composés au quotidien ». Sans définition claire, elle soutient que cette initiative est inapplicable : « Interdire les pesticides de synthèse reviendrait à interdire l’utilisation de tout produit de traitement, y compris ceux utilisés en mode de production dit « naturel ». Or le fait de cultiver des plantes, principe même de l’agriculture, implique de les protéger contre les ennemis des cultures pour assurer qualité et quantité des biens alimentaires. »
Notre conclusion
Une telle initiative est d’abord une opération de communication en faveur de l’industrie du bio. Elle contribue à ancrer l’idée, fausse, que l’agriculture biologique serait supérieure par principe et n’utiliserait pas de « pesticides ». Qu’elle débouche sur une interdiction effective est peu probable (mais pas impossible à l’ère de la post-vérité).
Cependant on peut espérer que les partisans d’une politique plus raisonnable, et surtout plus en lien avec les faits et la vérité scientifique, s’exprimeront sans détour et l’emporteront. La post-vérité n’arrive pas toujours à s’imposer comme vérité…