Nos vœux 2017 reprenant un texte de Guy Waksman sur « l’enfer sur terre » avant les machines, le fil de fer, les pesticides, etc., ont suscité de nombreuses réactions, positives pour la plupart. Par exemple, Alambic City, blog vigneron, l’a repris.
Il faut également mentionner un échange de mails, polémique mais courtois, avec des membres d’une organisation environnementaliste relativement modérée.
L’intégralité de l’échange a été publié par Guy Waksman dans la gazette de l’AFIA du 29 décembre 2016.
Dans cet échange, Guy Waksman et Jean-François Proust ont surtout insisté sur :
– L’enfer effectif de la vie des paysans avant 1914 du fait de l’absence de fil de fer, de bicyclette, de chemin de fer, de machines et… de pesticides.
– Il ne s’agit pas d’un jugement sur les personnes. Mais sur leur situation.
– Plus spécifiquement sur la question des pesticides, « les agriculteurs n’ont aucun intérêt à dépenser leur argent pour le bien des actionnaires des industries phytos. »
– La protection phytosanitaire est un tout intégrant itinéraire cultural, agronomie, mesures préventives, moyens mécaniques, biocontrôle et pesticides en dernier recours (pas dans le temps, mais dans l’ordre des priorités).
– Répondant à un maraîcher bio défendant la très grande efficacité du bio, la réponse a été : « L’agriculture bio est une activité honorable. De nombreux agriculteurs bios font très bien leur travail et contribue à l’amélioration de l’agriculture.
Mais :
1) L’agriculture bio n’est pas « la » solution pour l’agriculture. Elle est une solution pour certains producteurs dans certaines situations.
2) L’agriculture bio utilise aussi des pesticides (en particulier cuivre, huile de neem, etc.) qui ne sont pas forcément anodins pour l’environnement et/ou la santé humaine
3) L’agriculture dite conventionnelle, les machines, le fil de fer, le vélo, le chemin de fer et … les pesticides ne sont pas le diable. Pas plus que la voiture, les vaccins, les antibiotiques, les ordinateurs…
4) Les pesticides synthétiques ne sont pas en soi « la » solution pour l’agriculture. Mais d’une part ils ont constitué un progrès indéniable. D’autre part, ils évoluent favorablement (mieux formulés, moins rémanents, plus ciblés, plus biomimétiques, …) et leur utilisation aussi (appareils de pulvérisation, buses anti-dérive,…).
5) L’agriculture dite conventionnelle est *aussi* une activité honorable ! Les agriculteurs dits conventionnels font aussi en général très bien leur travail et font évoluer leurs pratiques à la lumière des nouvelles avancées scientifiques et des possibilités économiques.
L’agriculture bio est une activité honorable. A condition de ne pas se transformer en religion, en donneur de leçon. »
L’échange est significatif de la qualité des arguments avancés. Et comme le soulignait l’un des interlocuteurs environnementalistes de « deux visions du monde différentes. »
Il vaut la peine d’être lu intégralement. Télécharger l’intégralité de l’échange.