Le Parlement Européen n’a pas suivi sa commission agricole : Il n’a pas réuni une majorité suffisante pour s’opposer à l’interdiction en toutes circonstances de l’utilisation de produits phytopharmaceutiques sur les « Surfaces d’Intérêt Ecologique » (SIE). Cette interdiction risque d’être contre-productive en matière de « verdissement » de la Politique Agricole Commune (PAC).
Dans le cadre du « verdissement » de la PAC, les agriculteurs doivent utiliser 5% de leurs surfaces dans des SIE pour sauvegarder et améliorer la biodiversité : bandes de terres en jachère, taillis, parcelles avec des plantes fixatrices d’azote,… Jusqu’à présent, les agriculteurs pouvaient utiliser des produits phytosanitaires, en particulier des désherbants sur des légumineuses.
Les environnementalistes applaudissent. Par exemple, dans « Les eurodéputés disent non aux pesticides dans les haies, bosquets et autres refuges de biodiversité », Le Monde, bien que laissant une toute petite place à la réaction des organisations agricoles, laisse surtout la parole aux ONG environnementalistes, pour lesquelles cette décision va dans le sens d’un « modèle agricole plus sain et durable »
Les organisations agricoles protestent énergiquement.
Pour les syndicats d’agriculteurs céréaliers, il s’agit d’un « nouveau coup dur pour les producteurs de grandes cultures »
Les producteurs d’oléoprotéagineux, eux, s’interrogent : « à quand le « Make Production Great Again » ? »
Pour eux, cette interdiction « confirme directement la remise en cause des orientations qui avaient présidé à l’accord politique de 2013 prévoyant que la mise en place du verdissement ne devait pas se traduire par un accroissement des contraintes pour les producteurs ni par une réduction de la production agricole. […] La Commission européenne et les représentants politiques renient l’intérêt des légumineuses productives au nom de la protection de l’environnement, et ce, alors que ces mêmes responsables politiques avaient reconnu cet intérêt précédemment. »
En conséquence de cette interdiction, on verra baisser drastiquement les surfaces de légumineuses productives, fixatrices d’azote et sources d’approvisionnement en protéines locales.
On pourrait comprendre certaines restrictions d’utilisation d’engrais et de produits phytosanitaires. Restrictions qui pourraient viser à ne pas nuire aux insectes et animaux présents sur les parcelles concernées. Mais cette interdiction totale, sans discernement, rendant par exemple impossible le désherbage de luzerne, va à l’encontre de l’objectif de verdissement affiché…
Une conséquence aberrante de plus d’une vision idéologique de l’environnement.