L’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique) a publié un « rapport sur l’impact environnemental de l’agriculture » (in English), avec de nombreuses données statistiques.
La France Agricole en a fait un résumé global en français. En particulier : « Les analyses qui ont été menées à partir de ces données « montrent qu’il y a eu des progrès dans la gestion de la fertilisation, des pesticides, de l’énergie et de l’eau, en économisant ces intrants par unité de volume de la production » »
Toutefois, La France Agricole relève que l’OCDE « garde cependant une pointe d’inquiétude », en particulier du fait des mauvaises performances environnementales dans certains pays.
De plus, et surtout, « un défi politique majeur » se pose : « Il faut développer simultanément la production pour assurer la sécurité alimentaire des populations, et dans le même temps, réduire les coûts environnementaux et favoriser les avantages environnementaux liés à l’agriculture ».
La partie du rapport de l’OCDE consacrée aux pesticides (in English) mérite l’attention des lecteurs de ForumPhyto.
En introduction de cette partie, l’OCDE souligne : « Le principal défi politique des pays de l’OCDE est de réduire les risques dus à l’exposition aux pesticides pour la santé humaine, les écosystèmes et les ressources en eau, tout en maintenant et en accroissant la productivité agricole. Ceci implique de prendre en compte les différents facteurs de risques dans l’environnement. Par exemple : la manipulation et le stockage des pesticides sur les exploitations, la toxicité et la persistance des pesticides dans l’environnement, les conditions climatiques lors des pulvérisations, etc. »
Les ventes de pesticides : un mauvais indicateur, mais…
L’OCDE montre l’extrême difficulté de définir des indicateurs pertinents et disponibles concernant l’impact des pesticides : « les ventes de pesticides constitue un indicateur indirect des impacts environnementaux. Cet indicateur est très indirect du fait qu’il ne prend pas en compte les niveaux réels d’exposition des écosystèmes ou de la santé humaine, qui dépendent d’autres facteurs comme la toxicité, la mobilité ou la persistance. (…) De plus, il faut être prudent quand on compare les quantités totales de pesticides vendues par pays du fait des différences de climat et de systèmes de culture, lesquels influence la quantité et la nature des substances employées. »
Le rapport de lOCDE se voit contraint d’utiliser l’indicateur de volumes vendus parce qu’il n’y a « pas d’autres indicateurs disponibles ».
Toutefois, deux autres chapitres du rapport donnent d’une certaine façon des indicateurs indirects : ressources en eau (chapitre 9, in English), utilisation du bromure de méthyle (chapitre 12, in English)
Des progrès à l’échelle mondiale…
En s’appuyant sur les données de vente, il apparait clairement selon l’OCDE, que « la croissance de la production a été découplée des volumes vendus de pesticides (…) même si cette corrélation doit être traitée prudemment puisqu’elle ne prend en compte ni la toxicité des pesticides, ni les conditions locales particulières telles que sol, climat et pression parasitaire »
Pour l’OCDE, les progrès peuvent s’expliquer par une combinaison de facteurs : formation initiale et information du producteur, découplement des aides à la production, utilisation de soutiens à l’utilisation de méthodes de protection phytosanitaire moins impactantes, taxes sur les pesticides, utilisation de nouveaux pesticides à plus faible doses et plus ciblés, progrès de l’agriculture biologique.
Parmi les pays où ces progrès sont les plus importants, il y a la France, où les ventes de pesticides sont passées de 107 000 T/an dans la période 1998-2000 à 68 000 T/an dans la période 2008-2010.
Loin des visions inutilement alarmistes auxquelles le temps présent nous habitue, le rapport de l’OCDE, malgré les limites des indicateurs utilisables et des difficultés statistiques importantes, montre les progrès de l’agriculture en matière d’impact environnemental.
Pour ce qui concerne la France, le programme Ecophyto devrait s’inspirer largement de ce rapport en matière d’indicateurs, au lieu de se focaliser exclusivement sur des indicateurs quantitatifs.
Pour aller plus loin, lire le rapport intégral de l’OCDE