Les Infos 10-10 du 02 juillet 2010
« Ecophyto préfère valoriser que stigmatiser » (Libération)
Sous ce titre, dans Libération, Pascale Briand, directrice générale de l’Alimentation (Ministère de l’Agriculture), dresse un premier état des lieux du plan de réduction de réduction de l’usage des pesticides. Extrait : « Pour que la richesse de l’agriculture française demeure et que la biodiversité soit préservée, il est impératif de ne pas laisser des pans entiers de ce secteur vital face à des impasses techniques ; donc des situations où les ravageurs mettent en péril les cultures sans que l’on puisse agir. Cette réduction de l’usage des pesticides doit ainsi se faire avec une grande intelligence et anticipation des situations réelles. Comme pour tout traitement, il faut rechercher l’efficacité, maîtriser les risques, utiliser « juste ce qu’il faut, quand il le faut », sans créer de résistance. En bref, la définition même des bonnes pratiques ! »
« Les européens ont une alimentation plus sûre et plus verte » (J Dalli, DG Sanco UE)
John Dalli, Directeur général de la santé et de la consommation (Union Européenne), a visité le port d’Anvers et Mechelse Veilingen, coopérative agricole et criée aux légumes à proximité de Malines. Sa visite était principalement orientée sur le contrôle des résidus de pesticides aux frontières et dans la filière fruits et légumes. Il a déclaré : « Ce que j’ai vu aujourd’hui m’a convaincu que les fruits et légumes qui arrivent sur notre table sont sans danger. Je suis certain que les « meilleures pratiques » en matière de sécurité des aliments comme celles que nous avons vues mises en œuvre ici aujourd’hui se généralisent en Europe et concourent discrètement au même objectif, à savoir garantir aux citoyens européens une alimentation plus sûre et plus verte »
Voir communiqué de presse de la Commission Européenne (en français, in English)
« Les grands défis d’une agriculture durable » (S Brunel, Sciences Humaines)
Sous ce titre, Sylvie Brunel, professeure de géographie à l’université de Paris-IV, montre l’importance de relever le défi mondial de la sécurité alimentaire : nourrir la population mondiale nécessite le développement une « agriculture écologiquement intensive » (voir article d’actu-environnement et LesInfos1009). Extrait : « Aujourd’hui, les agriculteurs se plaignent des contraintes environnementales que l’Europe leur impose, arguant à juste titre qu’elles renchérissent leurs coûts et leurs difficultés. Le plan Ecophyto 2018, par exemple, leur impose de diviser par deux l’utilisation des pesticides en moins d’une décennie… sans apporter de réponse sur les moyens qui permettront de sauvegarder les récoltes contre les ravageurs. Pourtant, au lieu de se sentir victimes des changements en cours, les agriculteurs devraient, comme les entreprises, prendre l’initiative d’aller au-devant des attentes des consommateurs (…).A lire absolument.
« Pesticides et santé » : un rapport parlementaire équilibré (JL Thillier, A&E)
Agriculture et Environnement interviewe le Dr JL Thillier, directeur d’EuroscienceSanté, sur le rapport parlementaire « pesticides et santé », déjà évoqué dans FlashInfos OPECST. Selon lui, « la suspicion des méfaits d’un aliment est bien le fruit d’un manque d’information. D’où l’importance du rapport de l’OPECST, et de la communication qui en sera faite. En effet, ce rapport apporte aux consommateurs un nombre considérable d’éléments de réflexion, qui portent notamment sur certains bénéfices de l’usage des pesticides, systématiquement passés sous silence. » Concernant les risques professionnels, « il y a là un vrai chantier, en particulier en matière d’amélioration des équipements de protection individuelle », sans pour autant tomber dans l’alarmisme.
« Pesticides, un remarquable rapport parlementaire » (L Berthod)
Sous ce titre, L Berthod présente et résume la partie « impact sanitaire des pesticides » du rapport parlementaire de l’OPECST : impact réel sur la santé des utilisateurs lorsqu’ils sont insuffisamment protégés, avantages sous-estimés des produits phytosanitaires, bilan des enquêtes MSA, etc. Voir également FlashInfos OPECST
« Le point sur les méthodes alternatives » (Revue en ligne du CTIFL)
Le CTIFL (Centre Technique Interprofessionnel des Fruits et Légumes) publie des revues en ligne permettant d’avoir accès à des avancées techniques, quelquefois directement applicables sur le terrain. L’une d’entre elles, « le point sur les méthodes alternatives », est constituée de fiches pratiques, encore trop peu nombreuses : insectes auxiliaires en concombres sous serre, greffages du poivron, de l’aubergine, du melon.
« L’agriculture écologiquement intensive, une utopie ? » (Cirad)
Cet article, plus concret que ne le laisse présager le titre, est la synthèse des tables rondes organisées par le Cirad lors du Salon de l’agriculture 2010. « Le concept [de protection intégrée] a déjà près de 40 ans, mais beaucoup de progrès restent à accomplir ». Selon Philippe Lucas, Inra, « Plus qu’une histoire de sémantique, c’est surtout une autre manière de poser le problème. Il faut prévenir les dégâts pour les retarder au maximum afin de n’utiliser les pesticides qu’en dernier recours. »
Huiles essentielles contre pourriture des racines (Elsevier)
Selon cette recherche égyptienne (in English) publiée par Elsevier, des huiles essentielles de cumin, basilic et géranium se montrent efficaces pour lutter contre diverses souches de fusarium qui attaquent le système racinaire du cumin, aussi bien in vitro, sous serre qu’en plein champ. Réduisant les attaques, l’utilisation de ces huiles essentielles pourraient permettre de réduire le nombre de traitement à base de produits de synthèse.
Valeurs nutritionnelles et sanitaires comparées des aliments bios et conventionnels
Dans le cadre de la société française de nutrition, L Guéguen et G Pascal, Inra et Académie d’agriculture, viennent de publier un rapport réactualisant celui publié en 2003 par l’AFSSA (agence française de sécurité des aliments). Voir le résumé sur le site de la société française de nutrition. Voir le texte intégral.
Conclusion : « Globalement, les faibles différences observées entre aliments AB (bios) et AC (conventionnels) n’ont aucune répercussion significative sur la nutrition et la santé ». Voir article du Figaro.
A lire : « l’inquiétant principe de précaution »
L’inquiétant principe de précaution, Gérald Bronner et Etienne Géhin, PUF « Quadrige essais débats »
G Bronner et E Géhin, les auteurs de ce livre déjà signalé dans lesInfos1005 (voir présentation), sont sociologues. Pour eux, « le principe de précaution (…) est l’un des faits idéologiques majeurs de ce début de millénaire. (…) Préjudiciable à l’intérêt général, (…) une telle idéologie, pas très éloignée d’une nouvelle forme de populisme, a un nom : le précautionnisme. Le livre analyse les mécanismes médiatiques, sociologiques et politiques qui en facilitent la percée et en appelle à la responsabilité des hommes politiques dont la société a besoin qu’ils se comportent en « hommes d’Etat », trop rares.
Voir également une présentation détaillée sur le site de l’AFIS (Association Française pour Information Scientifique).
A lire : « Plantes et animaux venus d’ailleurs » (Jacques Tassin, Ed Orphie) (signalé par le Cirad)
Les espèces invasives nourrissent des craintes en partie objectivement fondées, cependant souvent brouillées par des discours alarmistes. Cet ouvrage a pour ambition de fournir un aperçu de l’ensemble de la question, de la manière la plus objective possible et sur la base des connaissances les plus récentes sur le sujet.
« Pièces à conviction » : France 3 joue les marchands de peur…
Mélange complexe de vérités, d’exagérations, de sous-entendus et d’inexactitudes, l’émission « Pièces à conviction » de France 3 du 28 juin 2010 est complètement à charge sur tous les fronts de l’alimentation. Côté exagération et inexactitude (pour le moins), concernant les fruits et légumes, la conclusion est donnée à G-E Séralini, militant anti-pesticides et surtout anti-OGM, présenté comme « expert auprès de la Commission Européenne », qui déclare : « les organismes réglementaires s’accrochent aux normes comme un singe à un arbre, mais, en fait, ces normes ont très peu de logique scientifique réelle. »
Selon le Figaro, « l’association UFC-Que choisir n’hésite pas à se déclarer « réservée sur les conclusions de l’enquête de France 3 et demande un éclairage officiel de la part de l’Afssa ». M Mortureux, directeur de l’AFSSA (agence française de sécurité sanitaire), y « regrette le côté exclusivement à charge et partial qui ne correspond pas à ce qui est constaté. »
Voir également le communiqué de réaction assez détaillé du ministère de l’agriculture.
Pour sourire : Fin du monde et média
Un dessin de Malo Louarn qui a failli être publié dans le dernier bulletin Environnement-Qualité du Cerafel Bretagne : Fin du monde et média