Les Infos 10-13 du 06 août 2010
La connaissance des consommateurs en matière de pesticides (BfR)
Le Bureau Fédéral allemand de la sécurité des aliments (BfR) a mené une enquête sur la perception de la population allemande en matière de résidus de pesticides. Par exemple, 70% de la population pense, à tort, que les résidus ne sont pas autorisés du tout dans l’alimentation. L’étude mérite mieux que ce constat trop rapide et rentre dans les détails de la perception du public. Le BfR veut utiliser cette étude pour élaborer ses messages afin d’être mieux écouté quand des rumeurs infondées circulent.
Voir l’intégralité de l’enquête du BfR (auf deutsch). Une traduction automatique peut aider…
Protection intégrée : le rôle des conseillers en production de pommes (Endure)
Endure est un réseau européen de chercheurs pour une protection phytosanitaire durable. Il publie une série d’articles (all in English) sur les problèmes de mise en place concrète de la production intégrée en pommes et poires. Les techniques de protection intégrée se diffusent rapidement chez les producteurs par les organismes publics, professionnels et privés. Cependant les freins techniques et socio-économiques à l’adoption effective de l’ensemble des techniques sont réels : coûts, efficacité insuffisante ou irrégulière, et difficultés de mise en œuvre, problèmes d’organisation du travail, etc.
Les recommandations d’Endure sont : poursuivre les recherches pour pallier à ces inconvénients, réduire les coûts d’homologation des techniques de protection intégrée…
Les personnes liés à la production de pommes seront particulièrement intéressés par les exemples donnés, la comparaison entre pays et l’analyse concrète des situations.
« Plan banane durable aux Antilles : un premier bilan » (Actu-Environnement)
Sous ce titre, Actu-Environnement interviewe S Zanoletti, UGPBAN (Union des groupements de producteurs de banane) sur ce plan visant à encourager les producteurs à « utiliser moins de produits phytosanitaires et privilégier les techniques alternatives ». Ce plan fait suite à l’interdiction du chlordécone, qui permettait de lutter contre le charançon, mais qui a le grave inconvénient d’être un POP (polluant organique persistant). Le plan Banane durable vise aussi à sélectionner des variétés résistantes contre la cercosporiose, ou d’autres techniques encore en développement : couverture végétale pour limiter l’emploi d’herbicide, etc.
Les pesticides dans les eaux (données 2007) (MEEDDM)
Le rapport 2007 sur « les pesticides dans les milieux aquatiques » est paru en juillet 2010 sur le site du ministère de l’environnement : données nombreuses et complètes. Voir les données essentielles brutes. Pour un bref résumé des résultats tels que présentés par le ministère voir l’article de la France Agricole. Le rapport insiste essentiellement sur la « dispersion généralisée des pesticides dans les milieux aquatiques », qui n’est pas surprenante vues les performances des laboratoires. On y évoque les « limites de quantification trop élevées par rapport aux normes définies ne permettant pas de statuer avec certitude ». Mais le rapport ne dit rien sur le comment et le pourquoi de ces normes (or, par exemple, la norme de 0,1 microgramme par litre n’a pas de signification toxicologique ou écotoxicologique…).
Les détections concernent essentiellement des herbicides et évoluent en fonction des pratiques agricoles, mais plus lentement pour les eaux souterraines que pour les cours d’eau.
Jeu de cartes pour développer la protection intégrée (Endure)
Le réseau Endure signale cette initiative du Service danois de conseil agricole (DAAS) : un jeu de carte (in English) pour stimuler la discussion sur la protection intégrée dans les groupes de producteurs. Le jeu disponible sur Internet est principalement orienté sur les mauvaises herbes en grandes cultures. Mais il est possible de s’en inspirer en construisant d’autres cartes (cas et solutions).
Les moyens de lutte biologique contre Tuta absoluta
Dans lesInfos1012, nous avons évoqué les présentations d’une journée sur la Tuta Absoluta, maintenant disponibles sur le site du CTIFL. Il faut signaler également la présentation d’A-I Lacordaire (IBMA) sur les moyens biologiques de lutte disponibles, utiles à intégrer dans une démarche globale : prophylaxie, lutte chimique, lutte culturale…
Le retour du Phylloxéra ? (Dossier de B Peiffer, liste Hygiène)
Le Phylloxéra est un puceron dévastateur de la vigne, introduit malencontreusement à la fin du XIX° siècle. Il avait provoqué d’immenses dégâts et une crise économique et sociale grave de toute la viticulture française. Depuis 120 ans, le greffage de vignes européennes sur vignes américaines a assuré une protection efficace. Pour des raisons que l’on ignore (virulence accrue ? parasites associés ?…), le phylloxéra recommence à faire des dégâts. Il faut donc trouver de nouvelles méthodes nécessitant une connaissance fine de la biologie du ravageur. La DRAAF Aquitaine (Direction régionale de l’Agriculture) signale de fortes attaques de Phylloxera sur Vigne en Aquitaine et sollicite des remontées d’informations des viticulteurs. Pour plus de détails, lire « Phylloxéra : le retour ? », article de l’INRA de 2005. Voir dossier de liens de B Peiffer, liste hygiène
Méthodes « alternatives » : la stérilisation des insectes nuisibles
Cet article (in English) de Nuclear Power Industry News Blog décrit le travail des scientifiques de l’AIEA (Agence Internationale pour l’Energie Nucléaire) et de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture) sur un projet d’élevage de mâles stériles de mouche de l’olivier. Lâcher ces mâles stériles dans la nature permet théoriquement de réduire le nombre d’œufs de mouches effectivement fécondées (donc de réduire le nombre de traitements insecticides, mais pas de les remplacer dans tous les cas).
Cette technique est déjà utilisé contre le moustique. Voir article de Wikipedia.
« Le perdant du jour » : Greenpeace Allemagne (Bild / Pesticide Information)
Greenpeace (auf deutsch) a publié des résultats d’analyses qu’il a effectué et déclaré avoir trouvé des « résidus de pesticides illégaux en Europe » dans des groseilles allemandes. En fait, les lots incriminés sont conformes à la réglementation (résidus de difénoconazole et dodin en dessous des LMR). D’ailleurs, Greenpeace a surtout insisté surtout sur l’effet « cocktail » des faibles doses.
Cette nouvelle de Greenpeace a été reprise par quelques titres de presse. Par exemple, TheLocal.de (in English).
Mais le BfR (Bureau fédéral de la sécurité des aliments a clairement démenti Greenpeace. Voir communiqué résumé du BfR (in english), version complète (auf deutsch).
Sous le titre « Le perdant du jour » (in English), le quotidien allemand Bild, repris par Pesticide Information écrit : « Débacle pour la patronne de Greenpeace, Brigitte Behrens »
Erik Orsenna :« l’agriculture en sept points » (Agriculture et Environnement)
Dans cet interview d’E Orsenna par A&E, les sept points sont : La gratitude, la crise globale, produire, le respect, soutenir bien sûr, la recherche, coopérer. Extrait du paragraphe « produire » : « Produire veut aussi dire obtenir des rendements. Je suis évidemment passionné par les expériences de l’agriculture biologique, et il faut en accroître la surface. Mais si vous me demandez : est-ce qu’on peut nourrir 9 milliards d’êtres humains avec une agriculture exclusivement bio ? Je réponds : non. Donc, il faudra des engrais et des pesticides. »
Quelques mauvaises herbes invasives toxiques pour l’environnement (Inforum, USA)
Cet article (in English) décrit quelques problèmes de plantes invasives et les moyens de lutte (chimiques, mécaniques,…) contre celles-ci. L’exemple mis en avant ici est le panais sauvage, invasif aux USA, et qui provoque des allergies. Cette situation est analogue à celle de l’ambroisie à feuilles d’armoise en France.
Pour sourire : la tapette à mouche comme moyen alternatif/complémentaire ?
Suite à un été particulièrement propice au développement des mouches, le maire d’Exoudun (Deux-Sèvres) a distribué 250 tapettes à mouche sur ses propres deniers. Voir article de la Nouvelle République. Il voit plusieurs avantages à ce moyen de lutte : « hygiénique (cela évite les bactéries sur les aliments), écologique (la bête ne souffre pas), économique (ce produit est le moins cher en comparaison d’autres systèmes), esthétique (il se glisse discrètement dans un recoin de votre foyer). Et pour les utilisateurs, il maintient la condition physique »
Mais il admet surtout un bon coup de com’ : « ça ne me dérange pas qu’on parle de la commune »…
Complément d’information en vidéo sur le site du Parisien : comment devenir le roi de la tapette à mouche
A noter que d’autres pistes (sérieuses) existent pour compléter écologiquement les solutions chimiques : par exemple la mouche tue-mouche (LesInfos0901) et la stérilisation des insectes nuisibles (plus haut).