Les Infos 10-20 du 20 décembre 2010
L’UE se préoccupe de la santé des abeilles
La Commission Européenne (DG Sanco) a publié un communiqué destiné au Parlement Européen et au Conseil de l’UE sur les actions mises en œuvre pour préserver et améliorer la santé des abeilles. Pour la Commission, « La santé des abeilles est liée à divers facteurs de nature différente (bactérienne, virale, parasitique, etc.), à la disponibilité de traitements appropriés, à la prolifération d’espèces envahissantes et aux altérations de l’environnement. » La Commission insiste également par exemple sur les mesures prises « lorsque la Commission a connaissance d’effets négatifs dus à l’utilisation de pesticides. Tel a été le cas de certains insecticides, lorsque des rejets accidentels ont eu lieu pendant les semis de semences traitées »
Voir communication intégrale (en français, in English). Voir communiqué de presse rapide.
Pour aller plus loin, voir les pages abeilles de la DG Sanco de l’UE (in English)
Un 9° axe pour Ecophyto : sécurité des utilisateurs
La sécurité des utilisateurs constitue maintenant officiellement le 9° axe d’Ecophyto. Voir la liste des actions relevant de cet axe sur le site de la DRAAF Auvergne, déclinées en quatre chapitres : amélioration du matériel de pulvérisation, amélioration des EPI (équipements de protection individuelle), zones de préparation, veille sanitaire.
Ce 9° axe a fait l’unanimité du CNOS d’Ecophyto (Comité National d’Orientation et de Suivi)
Stimulation des plantes : mythe ou réalité (Rittmo)
Rittmo Agroenvironnement, centre de recherche sur la fertilisation organique et les pratiques agricoles, organisait ses XVI° rencontres professionnelles sur les perspectives offertes par les stimulateurs des défenses naturelles (SDN) des plantes. Les SDN, utilisés en complément des produits conventionnels de protection des plantes, pourraient permettre de réduire considérablement les risques de la protection phytosanitaire pour l’environnement et l’utilisateur. Souvent prometteurs au laboratoire, leur mise en place à l’échelle agricole s’avère problématique, avec des résultats irréguliers. Ces rencontres avaient pour but de dresser un état des lieux et d’ouvrir des pistes d’amélioration. A Herth, député chargé d’une mission sur les moyens alternatifs de protection des cultures, participait à ces rencontres.
Voir les présentations à télécharger, en particulier Etat des connaissances scientifiques (partie 1, partie 2) (E Pajot), Aspect réglementaire (A Herth), Place des stimulateurs en maraîchage (partie 1, partie 2) (C Amiraux)
« Bio : un guide sur les pesticides naturels » (Ouest France)
Sous ce titre, Ouest France interviewe X Langlet (expert bio à la DGAL, Ministère de l’Agriculture) sur la liste en préparation des substances peu préoccupantes. Il explique en particulier pourquoi ces substances doivent subir une procédure d’homologation : « Ces molécules sont d’origine naturelle. Mais elles ont été conçues pour tuer la vie des cellules. Certaines d’entre elles ne sont pas « soft » du tout. Nous avons pour objectif de sécuriser l’emploi de ces produits pour les utilisateurs, les consommateurs et l’environnement. »
Générations Futures (GF), Intox médiatique : suite
Dans FlashIntoxMédiatique, nous avons mentionné l’opération « Menus Toxiques » de Générations Futures.
Quelques liens supplémentaires pour se faire une idée encore un peu plus complète :
Dans la Gazette de l’ACTA, M Buys montre le caractère trompeur de l’étude de GF (astuces pour gonfler les chiffres…) et surtout s’est « amusé à faire le travail que GF n’a pas voulu faire, et qu’aucun des nombreux journalistes qui ont amplement relayé le rapport de GF ne semble avoir entrepris : calculer les quantités des différentes « substances chimiques » ingérées par le jeune consommateur ». Très éclairant.
Agriculture et Environnement s’attache à démonter la mécanique médiatique de l’opération. En particulier, comment « la communication était parfaitement adaptée aux journalistes pressés. » Seuls certains titres de presse sont allés au-delà.
Le Ministère de l’agriculture publie des interviews de M Mortureux, directeur de l’ANSES, et de P Briand, directrice de l’alimentation au Ministère de l’Agriculture. Ils donnent des arguments de fond et expliquent le rôle des pouvoirs publics.
Référence-Environnement (abonnement nécessaire) fait un exposé des différentes positions.
La discussion sur la page Alerte-Environnement porte principalement sur la mécanique médiatique et sur la responsabilité qui devrait incomber aux « lanceurs d’alerte » (voir en particulier la réaction n°10)
La guerre du purin d’ortie (et de l’huile de neem) continue
Dans lesInfos1009, nous avions évoqué les difficultés des producteurs bios pour faire homologuer l’huile de neem. Aspro-Pnpp (Association pour la promotion des Produits naturels peu préoccupants) a organisé une journée de « désobéissance civique » le 08 décembre, mobilisant des parlementaires et des élus locaux, pour épandre (illégalement) de l’huile de neem et du purin d’ortie. Voir articles du quotidien Le Monde , d’Actualités-news-environnement et du journal de l’environnement.
En réponse, le Ministère de l’agriculture rappelle le décret du 25 juin 2009 sur les substances peu préoccupantes et annonce la publication prochaine d’une liste d’autorisations dans ce cadre. Il est peu probable que cette liste satisfasse tous les besoins des producteurs bios français.
En matière « d’usages orphelins », les intérêts des producteurs bios et des conventionnels sont identiques : Les contraintes administratives ralentissent quelquefois indument l’adoption de solutions estimées urgentes par les producteurs. Une accélération et une simplification des homologations sont souhaitables, ainsi que des autorisations provisoires sous responsabilité des producteurs pour les cas les plus urgents.
Mais le « bio » n’est pas une garantie en soi d’innocuité : les producteurs bios doivent accepter que leurs traitements revendiqués soient évalués par une analyse bénéfice-risque, comme le conventionnel.
Utilisateurs de produits peu préoccupants : protégez-vous (aussi) !
L’ASPRO-PNPP (Association pour la promotion des Produits naturels peu préoccupants) devrait sans doute faire preuve de plus de prudence que dans cet extrait de son dossier de presse diffusé lors de la journée de désobéissance civique. Il n’est pas sûr que la « tenue réglementaire avec PNPP » affichée soit la plus appropriée ! Même « peu préoccupant », un produit phytosanitaire est un produit actif qui peut avoir des effets sur la santé humaine. Parmi les produits défendus par Aspro-Pnpp, certains, par exemple l’huile de neem, ont montré une certaine toxicité… voir par exemple étude de l’Université de Wageningen (in English) ou encore cette étude publiée par Indian Pediatrics (in English) mettant en évidence des empoisonnements par l’huile de neem.
Peut-être l’huile de neem mérite-t-elle d’être homologuée après analyse bénéfice-risque. Mais elle mérite aussi de s’en protéger un minimum…
Pour sourire : Marre des sauveurs de planète (George Carlin, in English)
Dans LesInfos1019, nous avions évoqué la green-fatigue. Dans cette vidéo (in English, version sous-titrée en français), George Carlin, humoriste américain (voir Wikipedia), aujourd’hui décédé, ridiculisait déjà la prétention de l’homme à vouloir « sauver » les arbres, les abeilles, les baleines, les escargots, plus encore à vouloir « sauver la planète ». Un truc « d’environnementalistes bourgeois blanc libéraux » (au sens américain : les analogues des bobos en quelque sorte).
Un réveillon sans produits chimiques ? (ACSH)
En cette période d’agapes et pour mettre en évidence la vanité de l’étude de Générations Futures, il peut être utile de signaler ce menu de fête de l’ACSH (American Council on Science and Health). Ce menu permet d’illustrer l’affirmation de B Ames, toxicologue, université de Californie : « Il n’existe pas d’alimentation humaine sans produit chimique naturel cancérigènes pour les rats. Parmi les produits chimiques que mangent les gens, 99,99% sont naturels ». Et il n’y a pas lieu de s’en inquiéter : « Dans notre recherche pour réduire le risque de cancer par notre régime alimentaire, nous devrions nous préoccuper des déséquilibres alimentaires, et pas des composés chimiques à l’état de traces. De nombreuses études épidémiologiques montrent que les gens qui mangent beaucoup de fruits et légumes ont un risque plus faible pour de nombreux types de cancers. Cela est vrai en dépit du fait que les composés naturels qui sont cancérigènes pour les rats sont en abondance dans beaucoup des mêmes fruits et légumes. »
Voir l’article sur le site de l’ACSH (in English). Traduction/résumé sur ForumPhyto (les fidèles lecteurs reconnaîtront l’ancêtre de lesInfos en décembre 2005).
Bonnes fêtes de fin d’année à tous.