Les Infos 11-06 du 04 avril 2011
« Agro-Ecologie et droit à l’alimentation » (Rapport d’O de Schutter, ONU)
O de Schutter, rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation a publié récemment un rapport (« Agro-Ecologie et droit à l’alimentation », en français, in English, en español). De nombreuses ONG utilisent ce rapport pour tenter de relancer l’idée que l’agriculture mondiale pourrait se passer de chimie.
Or, d’une part, O de Schutter n’oppose pas agro-écologie et méthodes conventionnelles (« L’agroécologie offre en outre des avantages qui peuvent compléter ceux qui découlent de méthodes conventionnelles mieux connues ») ; d’autre part, son projet d’agroécologie consiste d’abord à donner « la priorité à l’acquisition de biens publics (recherche, services de vulgarisation, fermes-écoles, organisations d’agriculteurs,…) ».
Nouvelles questions/réponses de l’EFSA sur les produits chimiques dans l’alimentation
L’EFSA (Agence Européenne de Sécurité Sanitaire des Aliments) vient d’actualiser sa page (in English) consacrée aux questions/réponses (FAQ) du grand public concernant la présence de produits chimiques (résidus, additifs, contaminants…) dans l’alimentation. Une page plus spécifiquement consacrée aux pesticides est disponible en français et in English : activité de l’EFSA, définition des LMR, avis scientifiques, rapports, liens vers la réglementation européenne,…
L’espérance de vie continue d’augmenter aux USA (NVSS, USA)
Comme nous le mentionnions dans LesInfos1105, et contrairement à un argument-clef de MM Robin (MMR), l’espérance de vie continue d’augmenter aux USA, selon les statistiques officielles américaines. Voir le rapport officiel (in English) du National Vital Statistics Reports. La baisse enregistrée en 2008 était « due à une erreur qui a été trouvée dans les données de base. » MMR publiera-t-elle un rectificatif ?
« Pesticides et environnement, entre science et décision » (Colloque scientifique)
Ce colloque, organisé par le Ministère de l’Environnement (MEDDTL), avait pour but de présenter des travaux de recherche ayant « un impact direct sur la vie quotidienne ». Claire Hubert, chef du service recherche au MEDDTL (voir Référence Environnement, accès restreint), et E Vindimian, Cemagref (voir Campagnes et Environnement) ont souligné : « c’est une chose de réduire la quantité mais l’essentiel est de comprendre l’impact des pesticides sur les milieux naturels pour actionner les bons leviers. » On ne peut mieux dire …
Les pommes, les tomates… et Isabelle Saporta
Dans son reportage diffusé sur France 3 (voir LesInfos1103 et Les Infos1104), I Saporta dénigrait, entre autres, les producteurs de pommes. Voir le blog de D Sauvaitre, producteur de pommes, qui en avait fait les frais. La France Agricole évoque le procès qui s’ensuit dans « le référé du producteur de pommes requalifié en diffamation », et interviewe D Sauvaître, qui déclare « arrêtons la manipulation d’images. »
I Saporta n’avait pas voulu, ou pas pu, exploiter les images qu’elle avait recueillies lors d’une visite dans une coopérative de producteurs de tomates. Mais elle se « rattrape » dans son livre noir de l’agriculture française…
Voir le chapitre du livre d’I Saporta sur les tomates. Le producteur de tomates directement visé a rédigé une note rassemblant les incohérences de ce chapitre.
Situation de l’huile de neem et de l’azadirachtine en France
Suite à un avis de l’EFSA (résumé, avis complet, all in English) qui, pourtant, relève des problèmes analytiques, toxicologiques et écotoxicologiques, dont certains considérés comme « domaines critiques de préoccupation », la Commission Européenne vient d’inscrire l’azadirachtine, principe actif principal de l’huile de neem, à l’annexe 1 de la directive 91/414.
En s’appuyant sur cette inscription, les Etats Membres de l’UE pourront bientôt autoriser des usages de l’azadirachtine. Les producteurs bios et leurs organisations attendent une telle autorisation depuis longtemps et avec impatience. A tel point que l’huile de neem est déjà largement proposé à la vente sur des sites internet.
Ceci a amené les pouvoirs publics à rappeler, dans un récent message réglementaire, que ni l’huile de neem, ni l’azadirachtine ne sont autorisées en France, pour quelque usage phytosanitaire ou fertilisant que ce soit.
Sur la base d’une analyse bénéfices-risques, les pouvoirs publics autoriseront peut-être l’huile de neem ou l’azadirachtine malgré leurs inconvénients, moyennant des précautions d’utilisation. Et ce peut être souhaitable. Pour les mêmes raisons, et en prenant les mêmes précautions, il peut être également souhaitable d’autoriser des produits de synthèse, en particulier pour des cultures qui manquent dramatiquement de solutions de protection phytosanitaire…
« Faute de dérogations, les producteurs dans l’impasse » (CSLFLF)
Dans le cadre de la réglementation européenne, les autorités nationales ont la possibilité d’accorder des « dérogations 120 jours » pour les cas les plus urgents d’impasses de protection phytosanitaire. Ces dérogations portent sur des usages autorisés sur d’autres cultures ou dans d’autres Etats Membres. Comme souligné par le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France (CSLFLF) dans un communiqué de presse ces dérogations ont été accordées principalement à des cultures mineures qui font face à de nombreux usages orphelins et ont touché une très faible proportion des surfaces agricoles.
Rendant compte de ce communiqué de presse, la France Agricole met l’accent sur le souhait du collectif Sauvons les fruits et légumes « d’homologations pleines et entières »
La Commission Européenne a répondu dans le même sens à des questions de parlementaires européens, alertés par certaines ONG qui accusent les pouvoirs publics d’accorder trop de dérogations. Voir les questions des parlementaires et les réponses : C Davies (en français et in English) et F Ries, C Lepage et al. (en français et in English).
Voir également FlashInfosDérogations et LesInfos1102
« La chimie dans l’agriculture : d’hier à demain » (RSR : Radio Suisse Romande)
A l’occasion de l’année internationale de la chimie, et sous ce titre, Impatience, émission scientifique de RSR, fait l’histoire de l’utilisation de la chimie en agriculture : pesticides et engrais. Le début de l’émission montre clairement l’utilité de la chimie… et son universalité : les plantes sont elles-mêmes des usines chimiques ! P Lucas, INRA, premier intervenant de l’émission, exprime une hostilité certaine à la chimie et est clairement dans la logique Ecophyto de réduction de l’utilisation en volume, et non pas prioritairement, ce qui devrait être le cas, de réduction des risques. Le deuxième intervenant est MM Robin qu’on ne présente plus (voir Lesinfos1105). C Bochet, Université de Fribourg, en fin d’émission, ré-équilibre quelque peu en montrant que les progrès en chimie vont dans le sens d’une plus grande spécificité, d’une toxicité moindre, d’une dégradation plus rapide, etc.
« Pour une utilisation précautionneuse du principe de précaution » (Les Echos)
Sous ce titre, R Vainopoulos met en évidence quelques inconvénients d’une utilisation abusive du principe de précaution, à commencer par la perte de crédibilité qui peut advenir, comme l’appel à la vaccination contre la grippe H1N1. A force de crier au loup…
« Les Antilles ont la banane durable » (Campagnes et Environnement)
Sous ce titre, Campagnes et Environnement montre que les efforts de la filière (Organisations de producteurs, Inra, Cirad) portent leurs fruits : « la filière Banane de Guadeloupe & Martinique (figure) parmi les moins consommatrices de pesticides au niveau mondial, de 5 à 10 fois moins que ses principaux concurrents sur le marché de l’Union européenne. »
A lire : bio, fausses promesses et vrai marketing, G Rivière-Wekstein, Ed Le Publieur (suite)
Nous signalions ce livre dans LesInfos1105 (Consultez le site du livre).
Depuis, de nombreux médias présentent ce livre : Le Figaro titre « manger bio présente-t-il vraiment des avantages ? ». Sous le titre « Des pavés dans la mare écologiste », l’AFP associe en quelque sorte F Nicolino, I Gran et G Rivière-Wekstein. Voir aussi article de présentation sur La Dépêche du Midi et interview vidéo de G Rivière-Wekstein sur La France Agricole. G Rivière-Wekstein y conclut : « le bio a une véritable place à côté de l’agriculture conventionnelle pour des produits de qualité gustative et des produits « originaux » que l’on ne trouve pas dans la grande distribution, c’est le vrai créneau du bio ». Ecoutez l’interview de G Rivière-Wekstein (à partir de la 22° minute) sur Europe 1.
Pour sourire : Peut-on discréditer la thèse du complot ?
La thèse du complot consiste à penser que de nombreuses décisions politiques (voire toutes…) sont le fait d’un petit groupe de personnes influentes qui n’agissent que dans leur propre intérêt et qui nous cachent toute information qui pourrait leur être un obstacle. Ce dessin, paru dans le cadre d’un article de critique de « Notre poison quotidien » de MM Robin sur Contrepoints.org, montre bien toute la difficulté de discréditer la thèse du complot…