Mi-septembre 2011, Pierre Lebailly, l’épidémiologiste qui a supervisé l’étude Agrican (agriculture et cancer), a tenu une conférence de presse pour en exposer les premiers résultats.
L’étude Agrican est une vaste étude épidémiologique centrée principalement sur les cancers en agriculture. Elle est la plus grande étude au niveau mondial concernant la santé en milieu agricole.
Les premiers résultats de l’étude Agrican sont accessibles sous la forme de brochures publiées en juin et principalement destinées aux personnes incluses dans l’étude. Voir la brochure nationale Enquête Agrican, premiers résultats.
Les principaux premiers résultats :
– Meilleure espérance de vie des personnes suivies dans AGRICAN par rapport à la population générale. Ceci est principalement dû à un moindre tabagisme.
– Meilleur état de santé de la population agricole en termes de décès (toutes causes confondues)
– Globalement moins de mortalité par cancer. Tendance à quelques excès, mais non significatifs à ce jour. Très grandes disparités entre régions.
Il ne s’agit cependant que de premiers résultats. Ils ne permettent pas, par exemple, de préciser les causes de ces mortalités.
L’ensemble des résultats de cette étude devraient paraître au moins sur une dizaine d’années : Incidences des cancers (et non pas « seulement » mortalité), facteurs explicatifs, etc.
La lecture de l’intégralité de la brochure nationale Enquête Agrican, premiers résultats permettra de rentrer utilement dans le détail.
La presse agricole, médicale, et même grand public, expose les conclusions de l’étude Agrican avec une certaine objectivité (rendant compte, éventuellement mais brièvement, de la protestation du MDRGF).
Exemples :
Libération titre : « Les agriculteurs meurent moins de maladie que la population générale »,
Romandie news : « Les agriculteurs meurent mois de maladie que la population générale, selon l’enquête Agrican »,
Santelog.com : « Enquête AGRICAN: Meilleure santé mais plus de suicides chez les agriculteurs »,
La France Agricole : « Agriculture et cancer : pour l’instant, cela va plutôt bien ».
Par contre, loin de faire preuve de mesure, la presse environnementaliste est souvent très agressive et reprend à son compte les propos parfois pratiquement calomnieux du MDRGF.
Par exemple, Cdurable.info titre « Cancer chez les agriculteurs : l’étude Agrican sur la santé en milieu agricole fait débat », mais donne surtout la parole à F Veillerette : « Cette étude financée par la MSA et l’UIPP manque visiblement d’indépendance et cela explique que les chiffres qui pourraient montrer que les agriculteurs sont plus touchés par certains types de cancer (possiblement liés aux pesticides) que la population générale ne sortent pas ! Au lieu de cela Agrican se contente de marteler une com’ lénifiante qui vise à faire croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des monde…nous trouvons cela indécent ! »
Idem pour tous les sites habituellement relais des ONG : Actu-environnement, eauxglacees.com, Journal de l’Environnement, etc.
Tout se passe comme si le MDRGF, relayé par ces quelques médias, condamnait toute étude qui ne conforte pas ses a priori. Pire, le MDRGF accuse l’étude de l’Université de Caen et de la MSA d’occulter les faits et d’être partiale
C’est d’une part bien évidemment faux : L’Université de Caen et la MSA montrent suffisamment par ailleurs leur sérieux et leur indépendance scientifique.
Cela montre d’autre part une certaine perversité dans la façon dont le MDRGF entend participer à un débat scientifique ou sociétal.
L’étude Agrican mérite mieux que ces jugements partiaux et à l’emporte-pièce.
Il est clair que, même si la suite de l’étude Agrican montrait certains problèmes liés à l’emploi des pesticides, la situation est plus rassurante, plus contrastée et plus complexe que le tableau dressé par les discours catastrophistes sur les « pesticides » auxquels les commentateurs ont été habitués.
S’il s’avérait dans la suite de l’étude que certains problèmes de santé sont liés à l’utilisation de pesticides, les progrès en matière depratiques phytosanitaires ces dernières décennies (substances actives plus sûres, appareils mieux réglés et entretenus, sensibilisation à la protection de l’utilisateur, etc.) devraient encore améliorer la situation sanitaire de la population agricole.
Protéger l’utilisateur : une priorité pour les acteurs de la filière
Les produits phytopharmaceutiques sont actifs. Ils ne sont pas anodins pour l’utilisateur et peuvent être dangereux s’ils sont mal utilisés.
C’est la responsabilité de l’ensemble des acteurs de la filière d’agir pour promouvoir les bonnes pratiques, et en particulier assurer la protection de l’utilisateur.
Pour aller plus loin en matière de protection de l’utilisateur :
Sécurité de l’applicateur : « Ne fermez pas les yeux ! » (FNSEA, Coop de France, UIPP, etc.)
Références sur le risque utilisateur
Références sur les Bonnes Pratiques Phytosanitaires