Sous le titre « Le « bio » permet bien d’éviter les pesticides dans son assiette« , l’AFP reprend un communiqué de Générations Futures (GF) qui tente de cultiver la paranoïa sur les résidus de pesticides dans l’alimentation.
GF a comparé entre eux des repas « bio » ou « non bio » et annonce fièrement « Les fruits et légumes issus de l’agriculture biologique sont bien exempts de résidus de pesticides alors qu’aucun de ceux produits de façon conventionnelle n’y échappe. »
Le rapport officiel de l’EFSA (Union Européenne) pointait des présences anormales de résidus de pesticides de synthèse dans des produits bios, et même quelquefois au-dessus des LMR. Voir article « Résidus de pesticides dans l’alimentation dans l’UE en 2009 (Rapport de l’EFSA) » (consulter le rapport page 2).
Générations Futures avait centré sur les seuls résultats français, plus favorables, et expliqué que « ces rares traces peuvent être dues à des contaminations croisées ou à des pratiques inadaptées »
Il est logique que GF souhaite maintenant entretenir la flamme anti-pesticides chez ses partisans.
Malgré la brièveté du communiqué de ce jour, plusieurs points doivent être relevés :
– Les produits bios sont annoncés comme exempts de pesticides (sous-entendu de synthèse). Il est clair qu’on ne peut pas en attendre moins…
Cependant de l’aveu même de GF, « les résultats n’ont pas de valeur statistique significative au regard du faible nombre d’échantillons analysés, mais sont illustratifs de la problématique traitée ». Pourquoi alors ne pas faire plus confiance à l’enquête officielle de l’EFSA ?
– Rien n’est dit sur les niveaux retrouvés. Or, aujourd’hui, les laboratoires (ici Fytolab, laboratoire reconnu dans la profession) peuvent détecter des traces infinitésimales, même souvent inférieures à la limite de quantification habituellement retenue de 0.01 ppm (une partie pour 100 millions), qui n’ont aucune signification en terme de sécurité des aliments.
Comme le disait Marc Mortureux, directeur de l’ANSES lors de l’enquête similaire de GF en 2010 : « On ne peut pas faire le raccourci selon lequel, dès lors qu’on détecte des traces de quelque chose, ça veut dire que c’est dangereux pour le consommateur« , ajoutant que les quantités sont inférieures aux limites légales et qu’il « s’agit parfois de picogrammes (millième de milliardième de gramme)« .
– La liste des résidus retrouvés dans ces conditions n’a qu’une seule fonction : faire peur !
– GF écrit : « »Les sceptiques » disent que les cultures bio peuvent être contaminées par des pesticides pulvérisés dans des champs conventionnels et mettent en doute le sérieux des agriculteurs, transformateurs ou certificateurs du bio ». L’emploi du terme « sceptiques » signifie-t-il que le bio, pour GF, n’est bien qu’une question de « croyance » ?
Plusieurs titres de presse reprennent « l’information » de GF :
Le Parisien avait l’exclusivité pour quelques heures le matin, histoire d’amorcer le buzz.
20 minutes, BioAddict, Libération, etc. reprennent tous le communiqué sans recul.
Seul Alerte Environnement sous le titre « Bio : décryptage d’un lobby marketing » s’attache à démontrer l’opération marketing et surtout les liens organiques entre Générations Futures et le business bio.
La production bio a sa place dans la production et dans l’alimentation des français. Des complémentarités existent entre « conventionnel » et « bio ». La consommation de produits bio apporte de la diversité, par exemple en offrant des variétés peu disponibles en conventionnel. Tout cela est bénéfique en terme d’environnement et de santé publique.
Mais, par une telle campagne, GF vise à opposer les systèmes de production et surtout discréditer injustement les producteurs conventionnels.
GF se comporte en marchand de peur. C’est tout simplement indigne.