C’est sérieux ! JC Mouret, chercheur à l’INRA, a fait tester l’emploi de canards pour désherber du riz en agriculture biologique. Voir pages 27-28 de INRAMag n° 19 (déc 2011).
Extrait : « Le riziculteur (chez qui l’expérimentation a eu lieu) est très satisfait et compte renouveler l’expérience : « Grâce au broutage des canards, il est possible de cultiver du riz deux années de suite en atteignant une moyenne annuelle de 5 t/ha ! Cela sécurise les revenus de l’exploitation. D’autant plus que les coûts du désherbage sont absorbés par la vente des canards : j’ai prévu de vendre 75 % des canards, le reste servant à l’éducation des jeunes : c’est un désherbant qui me permettra au final de gagner de l’argent ! ». L’expérimentation sera poursuivie en 2012, pour affiner l’itinéraire technique. »
Cet « herbicide » peut même être employé en interculture : « Ils assainissent la rizière des graines d’adventices et leurs déjections fertilisent le sol avant les prochains semis. L’agriculteur les a réintroduits une fois la récolte finie, s’inspirant de l’activité des flamants roses qu’il avait observée un an auparavant. »
Par ailleurs, Le Monde du 11 janvier 2012, dans un article intitulé » Le canard, une alternative aux pesticides dans les rizières » décrit le renouveau de cette pratique ancienne par Takao Furuno dans sa rizière au Japon : « Des dizaines de palmipèdes, nés dans l’exploitation, sont déployés dans les rizières. Ils se nourrissent des insectes et des mauvaises herbes, sans toucher aux plants de riz. En pataugeant, les canards oxygènent l’eau et remuent la terre. Leurs déjections servent d’engrais. »
« Si la technique est bien maîtrisée, les débuts furent difficiles. » Les canards étaient chassés par les renards et les belettes. J’ai fini par installer des clôtures électriques autour des rizières pour les protéger. » Par la suite, M. Furuno a amélioré la méthode en ajoutant des loches et des plantes aquatiques qui contribuent à la croissance du riz et des canards. »
Après avoir écrit un livre, il fait des émules : 10 000 agriculteurs nippons et 65 000 de plusieurs autres pays dont le Vietnam, la Corée du Sud et la Chine.
Conclusion de l’article du Monde : « Cela dit, estime Masayoshi Honma, du département d’agriculture de l’université de Tokyo, » c’est une technique que tout le monde ne peut pas reproduire « . La tendance actuelle de la riziculture japonaise, pratiquée par 1,4 million de foyers, reste au regroupement et à l’intensification pour une rentabilité plus importante. »
Dans la quasi-totalité des cas, une telle méthode n’est évidemment pas applicable, ou même adaptable. Cette méthode pose aussi des problèmes extrêmement complexes, non évoqués dans les articles de l’INRA ou du Monde : gestion de l’élevage dans les périodes hors « désherbage », organisation et circuit commercial ad hoc, etc.
Cependant, on voit là que sortir des sentiers battus peut être utile au développement de la protection intégrée des cultures…