L’Agence Brésilienne de Sécurité des aliments (ANVISA) a publié un rapport sur les résidus dans l’alimentation début décembre 2011. De nombreux journaux ont fait état de ce rapport sur un ton alarmiste. Ils s’appuyaient sur le fait que 91% des échantillons de poivrons (sur 146) étaient considérés comme insatisfaisants, dont « 84, 9% avec la présence d’ingrédients actifs sans enregistrements pour la culture ».
Cependant, la revue Veja a mené une enquête approfondie sur le sujet faisant appel à des médecins et des agronomes et l’a publiée sous le titre « Enfin la vérité sur les pesticides ! », repris et commenté sous le même titre par l’ANDEF (Association brésilienne de défense végétale, firmes phytos). Un des points cruciaux de cette vérité est que « lorsqu’on compare les résultats obtenus avec les valeurs de limites maximales de résidus (LMR) établies pour les cultures similaires, il n’y avait aucun dépassement. La sécurité des consommateurs était donc assurée. »
De nombreux témoignages d’agronomes expliquent ensuite les progrès de l’agriculture et l’importance de la protection phytosanitaire pour la sécurité alimentaire (quantités suffisantes), la sécurité des aliments et le respect de l’environnement.
La revue Veja ajoute : » Les journalistes, malheureusement, n’ont pas été correctement informé par l’Agence de santé à divulguer l’analyse. Cet effet a causé de nombreuses pertes, en particulier pour les petits et moyens producteurs, du fait de la baisse de la consommation et des prix des fruits et légumes. Ainsi le journaliste Mauro Zafalon, dans Folha de S. Paulo du 29/12/11 titre « les producteurs souffrent encore des effets de la liste de l’ANVISA. » »
Les produits phytosanitaires incriminés sont « sans enregistrement sur la culture ». C’est cela qui visiblement a déclenché la campagne de presse.
L’ensemble de la filière a défendu sans ambiguïté la probité de la profession. Même si cela mériterait enquête plus approfondie, il est donc probable que, comme dans beaucoup d’autres régions du monde, il s’agisse d’usages orphelins…
Si l’on veut éviter les incompréhensions entre filière agro-alimentaire et consommateurs, il y a nécessité de résoudre ces problèmes. De toute urgence avec des autorisations provisoires, et à plus long terme par une collaboration internationale.
Addendum important (12 Janvier 2012 ) : Nous avons confirmation que cette crise médiatique est bien typiquement liée à la question des usages orphelins. En effet, bon connaisseur de la situation réglementaire et agronomique du Brésil, Pierre Nicolas Pérès, le lecteur qui nous avait transmis l’article, ajoute :
« Les poivrons n’ont aucun produits enregistrés. Une loi sur les cultures mineures a été publiée et réglementée, mais n’est pas appliquée.
Publiée par la IN (instrução Normativa) n° 1 du 24/02/2010, conjointement IBAMA (milieu ambient), ANVISA (santé) et MAPA (agriculture), le texte est très compliqué, très technique et n’ était pas applicable. Il a été réglementé 1 an après la publication, mais toujours trop technique, et pas appliqué. Il a fallu écrire un manuel explicatif de la réglementation qui a finalement été publié en Novembre 2011. Malgré cela en Décembre l’ ANVISA a publié son étude qui n’ a pas pris en compte l’IN sa réglementation et le manuel explicatif.
Cette situation autorise toutes les dérives journalistiques et il faut le dire : la plupart des journalistes adorent parler de ces thèmes catastrophiques montant en épingle des sujets qu’ ils ne dominent pas.
Il sera fait pression sur la chambre des députés à la rentrée pour que le système fonctionne. La législation brésilienne sur les « agrotoxiques » (le nom devrait être changé en 2012) dépend de 5 ministères (Santé, Milieeu Ambient, Agriculture, Industrie et commerce et Itamarati = quai d’Orsay), ce qui rend prodigieusement difficile toute évolution et tout enregistrement de nouvelles molécules.
Il est prévu de consolider le pouvoir décisionnel, et de se doter d’ une législation sur la sécurité alimentaire comme en Europe, de faciliter l’enregistrement des nouvelles molécules et de renforcer l’ infrastructure (fonctionnaires) pour pouvoir accélérer les travaux qui aujourd’hui n’ avancent pas.
La réglementation des produits phytosanitaires bios est un autre problème, vu que la matière première des organiques (les produits utilisables en bio ?) n’ a pas encore été enregistrée comme organique.
Aujourd’hui les discussions sont au niveau de la casa civil (= premier ministre) pour faire avancer les travaux.