Comme annoncé dans LesInfos1206, l’UGPBAN (groupement de producteurs de banane de Guadeloupe et Martinique) a organisé ce colloque, qui a offert une vision globale des fonctions de l’agriculture. L’agriculture « de préservation » ayant pour but de minimiser les impacts négatifs de l’agriculture et d’en augmenter les impacts positifs.
1° partie (animation JL Caffier) :
« mise en perspective du modèle d’agriculture de préservation par rapport aux autres modèles agricoles »
avec K Schreiber (IAD, Institut de l’Agriculture Durable), B Parmentier (ESA Angers), S Zanoletti (UGPBAN), S Orru (WWF)
S Zanoletti a décrit les changements fondamentaux dans la culture de la banane en Guadeloupe et Martinique qui ont d’ores et déjà conduit à une réduction massive de l’utilisation d’intrants, en particulier phytosanitaires, tout en augmentant les rendements. « Ceci dit, ce n’est pas si simple : c’est beaucoup plus technique » : il faut gérer des situations plus instables, cela demande beaucoup plus d’observations et d’adaptation fine au terrain. Donc, cela nécessite une bonne formation et information des producteurs, ce qui est un processus qui ne peut pas se mettre en place instantanément.
B Parmentier a exposé les conséquences sur le modèle économique du conseil technique et de l’approvisionnement de la filière agricole.
A signaler la présence et l’intervention de PUMA (association locale de défense de la nature) plutôt hostile au départ, mais qui travaille en collaboration aujourd’hui et pour qui « le consensus est possible ».
Cette première partie laisse globalement une double impression :
– Une série d’interventions avec quelquefois des bons sentiments et des phrases-clichés, par exemple caricaturant l’agriculture conventionnelle du XX° siècle, présentée comme consommatrice aveugle d’intrants, et stigmatisant inutilement la chimie (de synthèse).
– Mais, au final,un dialogue constructif pour aller vers une agriculture informée, diversifiée, responsable, engagée dans un dialogue réel avec la société… et productive.
2° partie plus opérationnelle (animation JL Caffier) :
« l’avenir économique des produits issus de l’agriculture de préservation »
avec P Combris (économiste, INRA), P Hébel (Crédoc), Y Chavin (Groupe Casino), P Ruelle (UGPBAN)
La banane fait partie des produits basiques pour la distribution, avec un marché mondial très concurrentiel. Les énormes différences de coût du travail sont en grande partie compensées, mais les conditions de la concurrence sont très difficiles pour les producteurs français.
L’identification de produits par exemple « vergers éco-responsables » progresse, mais la place « intermédiaire » entre le bio et le conventionnel
Il y a une très forte sensibilité du consommateur sur une utilisation modérée des pesticides. Mais le consommateur n’est pas prêt à payer « plus ».
P Ruelle a mis l’accent sur la nécessité de ne pas dénigrer les concurrents (au risque de dénigrer le produit aux yeux du consommateur) et sur la difficulté à faire payer « plus » le consommateur pour un produit qui consomme, à ses yeux, « moins » de pesticides. L’UGPBAN travaille à faire bien identifier au consommateur l’origine française de la banane de Martinique et Guadeloupe et à dynamiser le rayon banane. Selon P Hébel, la piste principale de différenciation est bien le développement d’une « marque » identifiable par le consommateur.
A noter que Savéol, l’ANPP, la pomme de terre ont été cités en exemple plusieurs fois…..
Conclusion d’Arnaud Daguin (chef de cuisine) : le débat a été riche. Mais un point n’a pas été suffisamment abordé : « Il y a un mur : certes, la vertu a un prix, mais le vice a également un prix, qu’on paye tous les jours… ». La question de la responsabilité, en particulier économique, du consommateur et de l’ensemble de la société, doit donc être posée.
Quelques images du colloque :