Sous ce titre, Pierre-Yves Morvan, sur son blog lié à Mediapart, rend public en avant-première un chapitre de son prochain livre Les illusions dangereuses – Les recettes vertes sauveront-elles la planète bleue ? Lire quelques autres pages du livre sur son site
Son article, plein d’humour, facile à lire et néanmoins documenté et pertinent, présente la protection phytosanitaire dans toutes ses dimensions.
Il rappelle à la réalité ceux qui pensent que la nature serait par essence bonne. Il rappelle le combat des hommes, la véritable guerre qu’il faut mener contre les champignons, les insectes, les mauvaises herbes, les rongeurs pour gagner « notre pain quotidien ».
« Il a fallu beaucoup de temps, d’efforts et d’astuces pour augmenter les rendements. Il fallait entre autres apprendre à se défendre de la concurrence déloyale d’une multitude de pickpockets. Car nos cultures excitaient les convoitises, faisant saliver des milliards d’insectes qui voulaient profiter de la bonne aubaine pour faire bombance et pulluler, qui applaudissaient à deux mains, je veux dire à six pattes, en regardant les hommes s’échiner à produire du grain… Il leur suffisait d’attendre nonchalamment étendus dans les herbes du talus, tandis que les pauvres hommes, ces bonnes poires, s’éreintaient sur le sol ingrat… »
Il dénonce l’illusion de l’opposition entre naturel et artificiel.
« « les pesticides sont des produits chimiques destinés à tuer, il est donc assez logique qu’ils soient nocifs pour notre santé… » Logique implacable ! Et pourtant cette logique implacable est fausse »
Il explique dans le détail à quel point les LMR (limites maximum de résidus) sont définies de façon à écarter tout danger pour le consommateur. Il nous montre pourquoi il ne faut pas craindre les résidus (et il fait clairement la différence avec l’exposition professionnelle). PY Morvan nous aide à rétablir les ordres de grandeur et à faire la part des choses.
« De bonnes âmes – qui veulent sincèrement nous sauver la vie – nous alarment : la sorcière chimie, plus hideuse encore que la sorcière de Blanche-Neige, nous offre des pommes empoisonnées tous les jours. Blanche-Neige, il ne faut pas croquer la pomme ! »
« On peut énoncer le paradoxe apparent suivant : Moins de pesticides = plus de cancers.
– En effet, moins de pesticides, c’est moins de rendement.
– C’est donc des fruits et légumes plus coûteux.
– C’est donc une moindre consommation de fruits et légumes par les familles aux revenus limités.
– C’est donc une moindre protection contre le cancer pour ces familles.
– C’est donc plus de risque de cancer pour ces familles. »
Les agriculteurs « population sentinelle » qui serait jusqu’à 1 000 ou 10 000 fois plus exposée qu’un simple consommateur sont particulièrement surveillés. « En entendant les annonces catastrophiques des médias sur les dangers des pesticides pour les simples consommateurs, on peut même se demander comment il est possible de trouver encore des agriculteurs vivants. »
Or, sans nier en rien les risques professionnels en cas de mauvaise utilisation, les études montrent une sous-mortalité, une sous-incidence du cancer en général ; même si « les agriculteurs ont un faible excès de certains types de cancers rares, la responsabilité des pesticides étant soupçonnée pour certains d’entre eux ».
« Il est donc possible, probable, que les pesticides présentent des dangers. Mais le résultat fondamental et incontesté est que les effets délétères des pesticides ne parviennent pas à effacer les bénéfices d’une simple bonne hygiène de vie. Un peu d’exercice physique sans tabac, et vous être plus fort que les pesticides, même si vous les manipulez tout le jour. »
Plus encore PY Morvan nous explique que le mécanisme de la peur est savamment entretenu : Il y a un véritable lobbying militant, souvent sincère, mais s’appuyant sur des données non validées. Les ONG anti-pesticides utilisent les moyens de la propagande : théorie du complot (, contournement des résultats des vrais chercheurs, présentations biaisées des études scientifiques sérieuses, etc.
Et il conclut :
« Il est évidemment souhaitable de combattre tous les effets indésirables, tous les facteurs de risque, pesticides ou autres. Mais :
1] Il est de bon sens de s’attaquer en priorité aux risques les plus élevés ; la bonne santé des agriculteurs montre que les pesticides ne font pas partie de ceux-là.
2] Il est de bon sens de s’attaquer aux risques qui n’ont aucune contrepartie utile, comme le tabac ou la mode du bronzage. En revanche, il est prudent de prendre des gants avant de combattre dogmatiquement les pesticides, qui ne présentent pas de risques pour les simples consommateurs, et qui sont nécessaires pour nourrir toute l’humanité. »
L’article « L’illusion des dangers des pesticides – désinformation militante » vaut la peine d’être lu dans son intégralité. Les réactions et la discussion à la suite de l’article montre à quel point PY Morvan a su trouver le ton juste et peut-être ébranler quelques certitudes ; en tous cas les chatouiller…
Pierre-Yves Morvan est aussi l’auteur de Dieu est-il un gaucher qui joue aux dés ?, Ed l’Harmattan, qui est une « histoire drôle, mais vraie, de la découverte de l’univers et de ses environs »