Sous ce titre, dans Valeurs Actuelles, une tribune de Marcel Kuntz, chercheur au CNRS éclaire le terme « biodiversité ». Inventée en 1985 dans le but de « disposer d’un slogan pour attirer l’attention du public et … les crédits de recherche », « « la biodiversité » sera largement récupérée jusqu’à l’oubli de son vrai sens et surtout de sa complexité scientifique ». Depuis, la biodiversité se cuisine à toutes les sauces.
M Kuntz souligne que l’on devrait parler des biodiversités au pluriel : diversité des espèces ou des gènes, échelle d’observation, interactions, …
Et quand on parle du service rendu par la biodiversité, il faut préciser et faire face à des contradictions.
Notons aussi que les régions du monde où la diversité biologique est la plus riche se trouve aussi être les plus pauvres économiquement. Or, pour être sensible à « la biodiversité », une société doit avoir atteint un certain niveau de vie, ce qui implique des sacrifices de milieux naturels…
L’utilisation simplifiée du terme « biodiversité », sans distinguer les niveaux à laquelle on l’envisage, prête alors le flanc à « diverses manipulations d’opinion ».
« Devenu synonyme de biosphère, de la nature qu’il convient de « respecter », « la biodiversité » a perdu sa notion originelle de diversité biologique. Mais elle peut être mise à une diversité de sauces politiques. »
Plus encore, lors de la Conférence environnementale de septembre 2012, « au menu des débats sur la biodiversité : « favoriser la prise de conscience citoyenne comparable à celle qui s’est opérée sur le changement climatique ». Il eût été étonnant que cette expression favorite des nouveaux conformismes, le terme « citoyen » – utilisé comme adjectif au lieu de « civique » – ne fût pas au programme ! Quant au changement climatique, la comparaison est effectivement judicieuse si l’on se réfère au mode de fonctionnement du GIEC, mélange contestable de science et de politique, qui est aussi celui de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature).
En France tout finit par une loi, en l’occurrence une « loi cadre sur la biodiversité ». La « stratégie nationale pour la biodiversité » pourrait bien ajouter un niveau supplémentaire au concept élastique de biodiversité : celui du déferlement de réglementations diverses… »
Il faut toujours se méfier des mots fourre-tout…