Sous le titre « L’agroécologie n’est pas une approche « utopique » mais bien opérationnelle, selon le CGDD », Actu-environnement fait un tabac dans les sites environnementalistes, qui y voient une validation « institutionnelle » de l’agroécologie. Quelques clarifications de définition s’imposent pour bien comprendre de quoi il s’agit.
L’article d’Actu Environnement rend compte d’un rapport du CGDD (Conseil Général du Développement Durable) intitulé « Étude sur la contribution du biomimétisme à la transition vers une économie verte en France : état des lieux, potentiel, leviers » (5MO, 160 pages)
Le biomimétisme et l’écomimétisme
Dans le rapport, le biomimétisme concerne essentiellement l’industrie.
L’écomimétisme, variante du biomimétisme à une échelle plus large, est « l’approche intégrée des systèmes de production agricoles et industriels, inspirée du fonctionnement des écosystèmes, [et] semble a priori représenter les avantages environnementaux les plus prononcés ».
En ce qui concerne l’agriculture, selon le rapport, « la démarche écomimétique consiste à observer et imiter le fonctionnement des écosystèmes naturels, comme la prairie ou la forêt tropicale, pour concevoir des agro-écosystèmes durables. Ce n’est pas un type d’agriculture à part entière, mais une approche qui se retrouve dans différentes approches agronomiques, dont l’agriculture biologique et l’agriculture écologiquement intensive. »
Plus loin, le rapport rajoute : « Par définition, aucune agriculture ne peut être complètement écomimétique. »
Le rapport clarifie également la notion d’agro-écologie :
« L’agro-écologie est simultanément une science, une pratique agricole et un mouvement.
En tant que science, l’agro-écologie vise à marier écologie et agronomie, ainsi que les sciences économiques et sociales, pour l’étude des milieux cultivés.
En tant que pratique, l’agro-écologie met l’accent sur le respect de l’environnement et des ressources naturelles et tire profit des services rendus par la nature.
En tant que mouvement, l’agro-écologie s’oppose à l’agriculture industrielle conventionnelle, consommatrice de facteurs de production extérieurs à l’exploitation agricole ; ses partisans se défendent d’une approche uniquement technique de l’agriculture, et prônent une approche globale basée sur la reconnaissance des savoirs et savoir-faire traditionnels.
Dans les trois cas, les définitions ne sont pas encore stabilisées. »
Le risque le plus important est bien là : une « opposition » idéologique et stérile entre agriculture conventionnelle et agro-écologie.
Ne pas opposer les démarches
Le rapport du CGDD présente un intérêt certain : il clarifie les définitions et montre le réel potentiel du biomimétisme, de l’écomimétisme et d’une agroécologie s’appuyant sur des données scientifiques et sur la base d’une analyse bénéfices / risques…
Loin de la démarche partisane, voire polémique, entretenue par certains environnementalistes qui veulent y voir une disqualification, injustifiée, de l’agriculture conventionnelle.
Les notions d’agroécologie, de biomimétisme et d’écomimétisme, déjà en partie utilisées plus ou moins consciemment par l’agriculture conventionnelle moderne, méritent d’être amplifiées. Elles sont une voie indéniable de progrès.
A condition de ne pas opposer les « modèles » d’agriculture et d’être pragmatique.