Sous le titre « La disqualification des experts », Les Echos souligne que malgré le rôle essentiel des experts, la société actuelle entre dans une dérive dangereuse basée sur la peur et même sur la « somme de toutes les peurs ». La presse joue souvent un rôle peu honorable dans cette dérive.
Extraits :
Le rôle essentiel des experts : « L’intervention des experts est requise généralement lorsque les décisions sont difficiles à prendre, que les enjeux sont importants, et que des risques ont été identifiés. Un expert est une personne reconnue par la communauté scientifique, comme détentrice d’un haut niveau de compétences dans sa discipline, sur le sujet dont il est un spécialiste, et la mieux à même d’apporter des réponses susceptibles d’éclairer le commanditaire de l’expertise (institutions, responsables politiques, agents économiques…) et éventuellement, le public. Un expert n’est jamais seul et son intervention respecte les règles méthodologiques, qui régissent le fonctionnement de la communauté scientifique : rationalité, partage des informations et contrôle de ses pairs. »
Mais une « nouvelle idéologie antimoderne, s’épanouit sur le terreau fertile de mouvements connexes dont les intérêts convergent : des adeptes de croyances plus irrationnelles les unes que les autres (les antivaccins, les hypersensibles aux ondes électromagnétiques, les végétaliens, les ultras des « médecines douces »…), aux idéologues écologistes qui tentent d’imposer une politique fondée sur la décroissance et le refus absolu du risque, donc de toute évolution. Lorsque le « principe de précaution » est détourné de son champ d’application légitime et instrumentalisé pour se transformer en principe d’interdiction pure et simple appliqué à la recherche et à l’innovation, nous ne sommes plus dans la rationalité, mais dans l’idéologie et la croyance. »
Des médias au rôle peu reluisant : « On pourra s’étonner que des journalistes puissent relayer massivement des discours dénués de toute incertitude, sans faire montre du moindre esprit critique ; mais ces nouveaux prophètes sont avant tout d’excellents communicants, qui cultivent l’art de la formule et de la langue « agile », loin de l’aridité des débats scientifiques qui nécessitent quelques efforts de compréhension. La tentation est alors grande de favoriser l’impact et le scoop au détriment d’un traitement de la vérité et des doutes qui l’accompagnent, nécessairement plus laborieux et ingrat. Un cran est pourtant franchi quand les médias participent activement à la propagation de la rumeur et à la manipulation de l’opinion. Ainsi le Nouvel Observateur a-t-il pu monter de toutes pièces un chef d’œuvre de manipulation sur les OGM, au profit d’un groupe de pression militant et au mépris de toute distanciation ou d’esprit critique… »
Le danger est grand pour l’ensemble de la société, car « La disqualification des expertises annonce inéluctablement celle des médias, et in fine, celle des politiques et des institutions auprès de publics qui ne sont pas dupes ; ce n’est pas avec des histoires en forme de scandales que le risque sera réduit et que l’avenir sera ouvert. »
La lecture de l’intégralité de l’article vaut la peine.