Des organisations environnementalistes écrivent leur désappointement au ministre de l’agriculture suite à la journée « produisons autrement » organisée en décembre 2012.
Les signataires (Nature et Progrès, Générations Futures, mouvement d’agriculture biodynamique, Confédération Paysanne, Colibris, etc.) sont « inquiets. Très inquiets. »
Leur définition de l’agroécologie
Selon eux, le ministre « semble soutenir une forme d’agroécologie très éloignée de celle [qu’ils souhaitent] voir promue ».
Et de donner un exemple : « certains experts présentent le non labour comme la recette miracle capable de réconcilier productivité et environnement. Malheureusement, le non labour tel qu’ils le conçoivent repose sur l’utilisation d’un herbicide total pour préparer le semis et de semences enrobées d’insecticides toxiques. »
Leur définition de l’agroécologie « est celle qu’entendent et pratiquent les paysans d’Amérique du Sud, avec le soutien de leurs pouvoirs publics (financement de la recherche, adaptation des lois). Une agroécologie synonyme d’agriculture de proximité créatrice d’emplois, inscrite dans une économie sociale et solidaire, facteur de vitalité des territoires, incontournable pour l’alimentation des citadins en produits frais diversifiés. »
Et ils concluent : « Permettez que les praticiens de l’agroécologie, méprisés depuis si longtemps par les puissants experts de l’agronomie française, puissent vous livrer leurs savoirs en matière d’agriculture, d’artisanat agroalimentaire et d’organisation citoyenne, pour oser développer l’agriculture paysanne et biologique. »
Accepter l’agronomie
Visiblement, ces organisations souhaitent que leur « modèle » d’agriculture soit le seul retenu par les pouvoirs publics. Modèle qu’ils présentent de façon très habile en surfant sur l’idée reçue d’une agriculture paysanne et biologique forcément bienveillante face à une modernité forcément malveillante.
Ces organisations se réclament en quelque sorte de l’agroécologie « canal historique », dont il reste à démontrer la validité. Or certains exemples ne sont pas encourageants. Voir « L’agro-écologie, c’est quoi au juste ? (reportage de l’AFIS Ardèche) » sur ForumPhyto.
Certes il est vrai que les traditions paysannes et l’agriculture biologique peuvent apporter des éléments de connaissance fine des milieux et des savoir-faire utiles. Il est vrai que le développement durable doit prendre en compte le développement des hommes et des territoires.
Mais il est déraisonnable de rejeter l’agronomie moderne qui est bel et bien un outil pour la protection de l’environnement. La formation des producteurs, la reconnaissance des auxiliaires naturels, les méthodes préventives agronomiques, mécaniques, complémentaires, etc. ne sont pas l’exclusivité de la seule « agriculture paysanne et biologique ».
L’utilisation même des produits phytosanitaires, pesticides honnis, ne doit pas être caricaturée. Les outils d’aide à la décision, les pulvérisateurs plus précis, une application plus ciblée avec des doses réduites, des substances de moins en moins persistantes, de plus en plus sélectives des auxiliaires naturels, de plus en plus biomimétiques », etc., sont autant d’atouts pour une agriculture productive et respectueuse de la santé humaine et de l’environnement.
Les agriculteurs et leurs responsables professionnels devront être attentifs à ce que le ministère de l’agriculture ne retienne pas une vision étriquée de l’agroécologie. Mais, au contraire, qu’il retienne toutes les initiatives qui constituent des progrès en termes environnemental, économique et humain, piliers du développement durable.
Pour plus de détails sur l’agroécologie vue par Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture, et sur la journée « produisons autrement », voir « « Produisons autrement », « agro-écologie » : une auberge espagnole ? » sur ForumPhyto.