L’enquête de Que Choisir ? continue à faire le buzz sur Internet. Cependant quelques médias et blogs prennent un peu de distance…
Du côté des inconditionnels de Que Choisir ? on retrouve (sans surprise) :
Reporterre (Le site d’Hervé Kempf qui a quitté le Monde parce que ne le trouvant pas assez environnementaliste…) donne la parole à Générations Futures dans « Les vins bios contiennent beaucoup moins de résidus de pesticides que les autres »
Le Nouvel Observateur rend compte sans distance de l’enquête de Que Choisir dans « Pesticides : des vins 3000 fois plus contaminés que l’eau », amplifiant encore les chiffres mentionnées par l’enquête.
Titrant « Pesticides dans le vin : il n’y a pas de normes« , Science et Avenir (Blog commun avec le Nouvel Observateur) accentue l’aspect alarmiste de l’enquête. Selon eux « A priori, pas de risques sanitaires importants. Mais l’effet cocktail et l’imprégnation sur le long terme avec de petites doses sont des problématiques encore étudiées et mal comprises par les scientifiques. »
Néo Planète tente encore d’accentuer le caractère anxiogène de l’enquête en titrant : « Arrêtons de boire des pesticides dans le vin ! »
Mais le monde viticole s’insurge et de nombreux commentateurs critiquent l’enquête de Que Choisir. Quelques exemples non exhaustifs :
Vitisphère titre « Pesticides dans les vins : L’enquête de Que Choisir est critiquable, estime Marc Dubernet ». Marc Dubernet est docteur en chimie et œnologie, expert auprès des tribunaux et fondateur d’un laboratoire d’œnologie.
Pour Philippe Barbet, Comité Interprofessionnel des vins de Bordeaux, « Sans chimie, on ne ferait plus de Bordeaux depuis cent ans » (France Bleu)
Pour Michel Baldassini, Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), « la vigne a besoin de traitements pour lutter contre un certain nombre de maladies, notamment la flavescence dorée et toutes les maladies classiques (le ver de la grappe, le mildiou, etc) et pour pouvoir ensuite être récoltée » (voir article du journal de Saône et Loire)
Dans « Pesticides: Mouton Cadet réplique » (Vin Québec), Adrien Laurent, responsable commuication à Mouton Cadet, explique l’utilité de la,protection phytosanitaire. Il note au passage : « au sujet de la présence du produit interdit, le carbendazime, le porte-parole de Mouton Cadet affirme qu’elle est due à la dégradation d’un autre produit, lui autorisé: le thiophanate de méthyl », démentant ainsi la seule soit-disant infraction relevée par Que Choisir. Soi-disant infraction pourtant reprise dans de nombreux articles…
« Vin et pesticides: beaucoup de bruit pour rien? », sur le blog idées liquides et solides, Vincent Pousson paraphrase Shakespeare et livre quelques réflexions et matière à sourire : « C’était prévisible, le petit doigt sur la couture du pantalon, les journalistes des grands médias ont méticuleusement recopié le Dossier de Presse envoyé il y a quelques jours par le mensuel Que Choisir. Bien vendeur, le truc, buzz en perspective à l’approche des vendanges: Pesticides en bouteilles. Ça a de la gueule, ça! Ça fout les jetons! (…) Si vous réussissez, en buvant du vin, à atteindre par cumul les plafonds européens, américains ou canadiens, votre foie aura lâché bien avant que vous ne soyez « contaminé »! (…) Beaucoup de bruit pour rien? La réponse est oui. On n’apprend pas grand-chose dans ce dossier convenu, si ce n’est, mais ça, n’importe quel crétin en général est capable de le deviner, qu’on traite moins les vignes sous le soleil de la Provence ou du Languedoc-Roussillon que pendant un millésime pluvieux comme 2012 à Bordeaux, au bord de l’Océan. »
Certes Que Choisir a réussi un coup médiatique.
Mais on sent une profession nettement mieux armée à rester ferme sur les principes de l’agronomie et sur les bonnes pratiques ; et à ne pas se laisser piéger par le chantage à l’alarmisme.
Sera-ce suffisant pour atténuer la portée de prochaines attaques ? là est la question.