Sous le titre « Recul des pesticides : les calculs biaisés du gouvernement», Stéphane Foucart, journaliste au Monde, attaque frontalement Stéphane Le Foll. Il relaie même les accusations de l’ONG Générations Futures (GF), anti-pesticides par principe, de « bidouillage des chiffres » à propos de la réduction de l’utilisation des pesticides annoncée par le ministre.
« Pesticides: l’annonce de la baisse de l’usage des pesticides en 2012 basée sur des données tronquées! » est l’argumentaire de GF, en forme de comptes d’apothicaires, dont se sert S Foucart ; Argumentaire dans lequel GF va d’ailleurs beaucoup plus loin dans les accusations en déclarant : « La baisse annoncée de 5% n’est donc absolument pas réelle mais un élément de communication basé sur des chiffres tronqués volontairement ! » (mise en gras par nos soins)
Comme le mentionne un tweet d’Agriculture et Environnement, il est probable que toute cette mécanique d’accusation nécessite la présence d’une taupe de GF à la DGAL[1]…
Cette contestation des chiffres du ministère est reprise dans les réseaux sociaux et dans la presse agricole et environnementaliste. Par exemple Plein Champ, Terre-net, Natura-Sciences.
Transparence statistique… mais des statistiques faibles
Le ministère de l’agriculture ne répond pas directement ; Mais a mis en ligne « Le point sur les méthodes d’évaluation de l’utilisation des produits phytosanitaires. » Le ministère y défend les indicateurs, principalement NODU et IFT, utilisés dans le cadre du Plan Ecophyto.
Il se défend surtout de toute manipulation et explique l’établissement en toute transparence des statistiques sur lesquelles il s’appuie.
A la lumière des explications du ministère, on peut effectivement exclure toute manipulation volontaire. Le ministère pourrait très bien menacer GF d’un procès en diffamation…
Cependant, les statistiques desquelles résulte la baisse de 5.7% du NODU sont fragiles.
La baisse est faible, et le chiffre est susceptible d’être corrigé.
Que Stéphane Le Foll en fasse la base de sa communication est surtout « léger »…
Des indicateurs toujours aussi peu significatifs
Dans « Baisse de l’utilisation des pesticides : discours ministériel et faits… », nous soulignions qu’en matière d’indicateurs de volume, il faut se poser deux questions :
Quel indicateur choisit-on ?
Quelle période observe-t-on, et à quel pas de temps ?
Par exemple, en 20 ans, les producteurs ont divisé par 2 les volumes de pesticides utilisés.
Nous soulignions aussi qu’« il ne faut pas « fétichiser » les indicateurs, spécialement l’IFT et le NODU ».
Les producteurs n’ont pas attendu le plan Ecophyto pour améliorer leurs pratiques : « méthodes agronomiques et préventives (rotation, variétés, façons superficielles…), outils d’aide à la décision, formation des producteurs, entretien et réglage des matériels de pulvérisation, etc. »
Bref, le ministère lance une communication forte sur des statistiques fragiles et des indicateurs non significatifs. Et Générations Futures et S Foucart en font une mauvaise et méchante polémique, histoire de mettre de l’huile sur le feu…
[1] Direction générale de l’Alimentation. Ministère de l’Agriculture