Le conseil scientifique de la SNHF (Société Nationale d’Horticulture de France) vient de publier « Protection des plantes, tradition et macération d’ortie » (pdf, 2.5MO). Ce dossier clair et pédagogique aborde objectivement et de façon complète la question souvent controversée des purins de plantes.
Les auteurs
Jean-Louis Bernard, membre de l’Académie d’Agriculture de France, particulièrement connaisseur de l’histoire de la protection phytosanitaire.
Jacques My, directeur de l’UPJ (Union des entreprises pour la Protection des Jardins et des espaces publics)
Daniel Veschambre, membre du Conseil scientifique de la SNHF, ancien ingénieur CTIFL (Centre Technique Interprofessionnel Fruits et Légumes)
Une brève partie aborde l’histoire.
Les macérations, fumigation, appâts, jus, etc. de plantes sont utilisées depuis l’antiquité, avec plus ou moins de succès :
On y voit aussi que le purin d’ortie est d’invention récente (milieu des années 1990). Son inventeur revendiquait principalement des propriétés fertilisantes.
L’absence de cadre réglementaire et les conflits entre vendeurs et services de l’Etat ont conduit à la « guerre de l’ortie » au milieu des années 2000 ; En fait une « tempête médiatique animée par différentes associations de protection de la nature, de partisans de l’agriculture biologique ou de tenants des solutions dites naturelles. »
Une autre brève partie aborde les aspects réglementaires.
Suite à la guerre de l’ortie, les « préparations naturelles peu préoccupantes à usage phytopharmaceutique » (PNPP) font l’objet d’une réglementation française spécifique. Cette réglementation évolue rapidement suite à la mise en œuvre du règlement européen 1107/2009 concernant la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques. Le décret 2009-792 et l’arrêté du 18 avril 2011 sotn les deux principaux textes en France.
Cette évolution règlementaire est encore en cours.
15 ans d’expérimentation
L’essentiel du dossier est consacré à une revue complète de 15 ans d’expérimentation des purins de plantes par le CTIFL (fruits et légumes) et son réseau, l’IFV (vigne) et l’Iteipmai (plantes à parfum, médicinales et aromatiques).
Nous renvoyons le lecteur au document original qui offre une synthèse claire et détaillée de ces essais, synthèse qui montre les limites et les quelques succès de l’utilisation de purins de plantes.
Globalement : « Au final, il est surprenant de constater l’écart entre les effets mesurés – nuls, ténus et/ou aléatoires – et les prescriptions sur l’emploi des purins.
On notera d’ailleurs que les expérimentations professionnelles s’orientent désormais prioritairement vers d’autres types de substances de protection des cultures pour améliorer la nutrition des végétaux (stimulateurs de développement des plantes), pour améliorer la protection des cultures comme les stimulateurs de défense naturelle (SDN) et, bien sûr, vers d’autres méthodes alternatives aux produits chimiques de synthèse, telles que : les variétés résistantes aux maladies, le greffage, les barrières physiques (filet, film, argile), les auxiliaires naturels ou introduits, le piégeage massif avec phéromone, la confusion sexuelle… »
Une bibliographie de plus de 50 titres conclut le dossier.
La lecture complète du dossier (sur le site de la SNHF, ou sur le site ForumPhyto) sera utile à toute personne intéressée par le débat sur les PNPP et les substances naturelles.