Une nouvelle vague d’articles fait suite à la condamnation (légère) d’Emmanuel Giboulot, viticulteur en biodynamie ayant refusé d’utiliser un insecticide autorisé en bio pour protéger ses vignes de la cicadelle. Rappelons que la cicadelle est porteuse de la flavescence dorée, maladie mortelle pour la vigne.
Plusieurs titres commencent à poser le problème plus au fond : comment lutter efficacement contre la flavescence dorée, et se dégager des préjugés idéologiques ?
Sous le titre « Pourquoi le cas du « vigneron condamné pour refus de polluer » fait débat », Ophélie Neiman, alias missglouglou (nom de son blog), signe un article honnête et posant les bonnes questions.
Elle avait pourtant signé la pétition de soutien à E Giboulot. Mais elle comprend les vignerons qui dénoncent le coup de pub quasi gratuit d’E Giboulot. Elle rend compte des interrogations d’Olivier le Flaive, vigneron pour partie en biodynamie et pour partie en conventionnel.
Et elle conclut : « Il serait dommage de réduire [l’affaire Giboulot] à un débat pour ou contre les produits phyto, ou pour ou contre le principe de précaution. Le vrai sujet, celui dont on parlera encore dans quelques années, reste bien la lutte contre la flavescence dorée, l’investissement de la recherche en la matière et la qualité des moyens à mettre en œuvre. »
Jean-Yves Nau, sur Slate.fr, titre « Les vignerons bio enfin condamnés à lutter contre les épidémies. » Pour lui, « Tout se passe ici comme dans le cas des vaccinations humaines : les militants anti-vaccinaux ne sont pas atteints parce qu’ils vivent au sein d’une communauté qui, dans son immense majorité, est immunisée. A l’inverse, en cas de maladie très contagieuse (la rougeole par exemple), le non-vacciné devient un vecteur privilégié de diffusion du virus. Opération de prévention individuelle, la vaccination est aussi un geste solidaire. Il peut en aller de même dans le vignoble. »
Et il conclut : « L’affaire Giboulot n’est pas ce que beaucoup de vrais ou faux naïfs voudraient qu’elle soit : la quintessence de l’opposition entre les dépassés et les modernes, entre la profession viticole et les militants écologistes, entre la recherche du profit et le respect de la nature. Vigne ou pas, la protection de cette même nature n’est pas toujours assurée par ceux qui en font profession. »
Même Bioconsom’acteurs et Reporterre, pourtant très environnementalistes, essaient de sortir de l’idéologie anti-pesticides par principe.