Sous le titre « Les agriculteurs ne sont pas des pollueurs empoisonneurs » (Le Monde), Sylvie Brunel, géographe, économiste et écrivain, n’est pas seulement « en défense » des agriculteurs. Son plaidoyer est bien plus complet.
Elle dénonce une vision de bon vieux temps : « Pour beaucoup d’urbains, la poule picorant sur le tas de fumier symbolise toujours le bon vieux temps, l’éden perdu de nos campagnes. Ils oublient la pénibilité du travail agricole d’hier, le vieillissement prématuré des paysans, le départ des femmes, épuisées par le labeur incessant, toutes les maladies liées à l’alimentation, la dépendance et l’insécurité alimentaires. Précisément la situation de tous les pays pauvres aujourd’hui. »
Elle dénonce « la » conversion » au bio – terme qui relève du registre religieux, et ce n’est pas un hasard », tout en reconnaissant que « le bio a sa place dans l’agriculture, ne serait-ce que parce qu’il permet à certains paysans d’être mieux rémunérés pour leur travail. »
Elle défend les pratiques des producteurs : « Accuser les paysans d’être des pollueurs et des empoisonneurs, c’est méconnaître les immenses progrès accomplis dans les campagnes. Employer la bonne dose, calculée au plus juste, au bon moment, produire plus avec moins, nos producteurs sont devenus, pour des raisons autant environnementales qu’économiques, des as de l’agriculture de précision, que n’importe quel jardinier du dimanche bafoue allègrement avec son si bon » fait maison « . »
Elle plaide pour l’irrigation, le maïs « si injustement décrié », de bonnes semences sélectionnées, le génie génétique et l’innovation.
Et elle conclut courageusement : « Beaucoup de Français refusent de voir la réalité en face et se bercent d’une vision passéiste et erronée des campagnes. Ils sont en train de décourager le monde agricole. Pourtant, sans paysans, la France mourra. Cessons de les accuser injustement. Ecoutons-les, respectons-les. Ils tiennent notre avenir entre leurs mains. »
Dans le monde médiatique actuel, une telle prise de position, simple, brève, claire et abordant sans détour l’ensemble des sujets touchant l’agriculture, est rare. Elle n’en a que plus de valeur.
A lire intégralement ici.