Sous ce titre (pdf 1.4MO), début 2015, le Conseil National de l’Alimentation (CNA) a publié son Avis n° 74.
Le rapport est dans un style fluide et il est complet : histoire, réglementation, contrôles, aspects environnementaux, aspects qualité et santé, aspects sociaux économiques, et enfin, recommandations du CNA.
Cependant le rapport est de fait tiraillé entre :
– d’une part le politiquement correct du moment et la commande des pouvoirs publics : Montrer à tout prix les avantages du bio et organiser son développement conformément aux objectifs du Grenelle de l’Environnement et du programme Ambition Bio 2017.
– d’autre part une analyse objective, s’appuyant sur les données scientifiques, en termes d’avantages et inconvénients.
Il en résulte une lecture intéressante, mais à faire avec prudence.
La description des aspects historiques et réglementaires est peu polémique, et donc assez complète et équilibrée. On y voit que l’harmonisation européenne n’est pas complète, en particulier en ce qui concerne l’autorisation des pesticides bios et l’organisation des audits et des contrôles.
La description des impacts environnementaux souffre de quelques euphémismes destinés à laisser l’avantage au bio. Mais, par exemple, l’impact, négatif sur l’environnement, de la productivité plus faible du bio est mentionné. Et d’une façon générale, tous les éléments pour juger de la pertinence ou non du bio en matière d’environnement sont exposés, même si c’est de façon un peu déformée. Sur ce point, voir en particulier pp 36-41 et l’annexe 7.
Le chapitre « le Bio est-il meilleur pour la santé ? » fait la part belle à « la mise en pratique d’un principe de précaution à l’échelle individuelle » et à l’alarmisme sur la question des résidus.
De même le chapitre sur les aspects économiques et sociaux met en valeur les « externalités positives » du bio, alors qu’elles mériteraient une discussion critique plus approfondie. Le paragraphe « Des conditions de travail plus difficiles en AB, mais une satisfaction accrue au travail » (p63) est comme une sorte d’aveu : ce sont bien des aspects subjectifs qui rendent le bio non seulement acceptables, mais enviable pas seulement pour les producteurs mais aussi pour l’ensemble de la société.
Le chapitre sur les recommandations du CNA est consacré aux actions pour le développement du bio : recherche, soutien à la production, la distribution et l’organisation du bio, communication, renforcement de la confiance par celle des certifications et des contrôles.
Au total, ce rapport du CNA a les caractéristiques positives et négatives d’un document institutionnel de qualité : une information structurée, détaillée et pertinente, mais déformée et orientée dans un but politique avoué. Un but politique qui mériterait d’être discuté à la lumière même des informations données.