Freddy Dutoit, représentant du VLAM (Office flamand d’agro-marketing) en France, a publié « Depuis quand consommer une côte de porc est-ce devenu un acte citoyen ? » et « Ils ne jouent pas le jeu, monsieur le Ministre » sur Linkedin. Il y fustige « la préférence alimentaire nationale ». A méditer.
Pour Freddy Dutoit, « La France refuse de regarder la réalité en face … Le bouc émissaire désigné est par facilité l’étranger. […] Il est temps que le secteur primaire français réalise qu’il fait partie d’un marché européen, voir mondial et en tienne compte pour organiser sa stratégie de développement en conséquence. L’interdépendance internationale est un fait et on ne peut pas le nier. La « Préférence Alimentaire Nationale » est un beau slogan à utiliser dans le cadre d’une publicité générique, mais il n’est pas professionnel de substituer sa stratégie à une devise. […] il n’y a pas d’exportation sans importation ; c’est pourquoi il faut aussi accepter la présence des fournisseurs étrangers. »
« Non, un prix fixé en décalage avec le marché ne fonctionnera jamais. Au mieux elle va tenir un bout de temps, mais tôt ou tard le marché se régulera ; au pire elle jouera en défaveur de la filière française qui ne s’adapte pas et sera dépassée par des concurrents internationaux de plus en plus en pointe avec le marché. »
De son côté, l’industrie allemande du lait se plaint du « boycott de facto pour les produits allemands » préconisé par Stéphane Le Foll. Voir par exemple cet article de Plein Champ.
Il faut sans aucun doute prendre ces arguments au sérieux. La dénonciation de « l’étranger » est effectivement une facilité : elle permet des annonces gouvernementales qui ne coûtent pas cher ; elle permet surtout de ne pas parler des sujets fondamentaux : les distorsions de concurrence.
On ne compte plus les règles et les normes sociales et environnementales spécifiques à la France.
Si les producteurs français souffrent aujourd’hui plus que leurs collègues européens, ce n’est pas parce que « la filière française ne s’adapte pas » comme l’affirme F Dutoit. Car, dans les faits, elle s’adapte.
Si l’agriculture française souffre, c’est essentiellement parce que nous n’avons pas assez d’Europe ; parce que trop de règles sont différentes entre Etats Membres de l’Union Européenne. En fruits et légumes, c’est particulièrement le cas des règles concernant la protection phytosanitaire. Le gouvernement français devrait arrêter de jouer au soi-disant meilleur élève de la classe. Et l’Union Européenne devrait imposer une harmonisation effective dans l’application de ses règlements et directives…