« La prochaine fois que vous mettrez du wasabi sur un sushi ou de la moutarde sur votre hot dog, prenez un moment pour remercier une chenille » : ainsi commence cet article (in English) de NPR, radio publique aux USA
Il s’appuie pour cela sur un article scientifique paru dans les Proceedings of the National Academy of Sciences, dans lequel « un groupe de scientifiques explorent comment des chenilles ont conduit des plantes à fabriquer des substances chimiques dont le goût plait aux humains. »
Les « glucosinolates » sont responsables du goût caractéristique des plantes de l’ordre des brassicales dont le chou, le raifort, et la moutarde. Les glucosinolates sont aussi le résultat d’une véritable « course évolutive aux armements » de plusieurs millions d’années entre plantes et chenilles. Car les glucosinolates sont toxiques pour la plupart des insectes.
Cette coévolution ayant conduit les brassicales à fabriquer des glucosinolates est connue depuis de nombreuses années. La recherche mentionnée a essentiellement précisé et daté les mécanismes de cette évolution.
Quand un insecte mange des glucosinolates, il déclenche une sorte de « bombe d’huile de moutarde ». Les glucosinolates se transforment en d’autres substances qui lui « retournent les intestins ».
Pour nous humains, cela marche de la même façon. Et nous avons fait de la « bombe d’huile de moutarde » une explosion de goûts et de saveurs, transformée en condiment.
Conclusion de l’article de la NPR : « Pourquoi pensiez-vous que les plantes développent des saveurs et des épices ? Ce n’est pas pour nous. Cela a une fonction. Toutes ses saveurs sont l’évolution »
Dans « neuf idées reçues sur les résidus de pesticides » paru dans La Recherche en octobre 1999 (voir « Les idées reçues : la tasse de café » sur ForumPhyto), Bruce Ames, universitaire US, explique « Dans l’alimentation humaine, 99,99 % des pesticides absorbés sont d’origine naturelle ! Il s’agit de produits chimiques sécrétés par les plantes elles-mêmes pour se défendre contre les champignons, les insectes et autres prédateurs. Chaque plante produit son propre arsenal d’armes chimiques. En moyenne, un Américain ingère entre 5 000 et 10 000 pesticides naturels différents et leurs dérivés. Quantitativement, il en consomme environ 1,5 gramme (unité corrigée conformément à l’article originel, ndlr) par jour, soit à peu près 10 000 fois sa dose quotidienne de résidus de pesticides synthétiques. Dix mille fois ! »
Pour aller plus loin :
« De la belle pédagogie « Co-évolution des plantes et des pathogènes : le modèle en zig-zag » (Vegenov) »