Générations Futures (GF), association militante anti-pesticides, a écrit à des centrales d’achat de grands distributeurs alimentaires pour les informer et les aider. Les aider en quoi au juste ?
Le courrier de Générations Futures
Il faut d’abord noter que, même si nous en avons obtenu une copie, le courrier de GF aux distributeurs est privé. Et s’il annonce bien une campagne publique à venir, il cherche avant tout à obtenir un contact préalable.
Voir de larges extraits du courrier de Générations Futures à des centrales d’achat
Essentiellement, le courrier propose de « l’aide » : « Nous pourrions vous aider à trouver des alternatives et des experts pour vous guider vers une alimentation plus saine en commençant par ces quelques produits ainsi qu’à établir une liste noire de pesticides PE (perturbateurs endocriniens) à bannir »
Aider pour que les consommateurs ne soient pas exposés aux PE
Aider surtout à répondre aux consommateurs auxquels on aura au préalable tenté d’instiller l’angoisse.
Aider à promouvoir le bio. Générations Futures est financé par le lobby bio et présidé par une actrice économique de la filière bio. Charité bien ordonnée commence par soi-même.
Aider par une expertise, bien sûr monnayable en argent frais, même si ce n’est pas explicite. Que des distributeurs acceptent cette expertise offrirait également une crédibilité à Générations Futures. Il est cependant permis de douter de « l’expertise » de GF en matière agricole…
Aider surtout à ne pas être montré du doigt par GF dans la campagne qu’ils vont mener. La dernière phrase enlève tout doute à ce propos : « Nous tenons à vous informer que nous avons l’intention de communiquer aux médias votre réponse (ou non réponse) ».
Notre analyse
En fait, la méthode de Générations Futures n’est pas si particulière que cela. Greenpeace en lançant sa course ratée au zéro pesticides jouait sur le même terrain (voir ici), mais il avait du moins l’élégance de le faire publiquement.
A défaut d’être expert en agriculture et en protection des plantes, GF veut montrer qu’il est expert dans cette rhétorique de l’intimidation, telle que décrite par Gérald Bronner[1].
La méthode de GF est conforme aux « tactiques non-éthiques de lobbying » des environnementalistes, parfaitement caractérisées de néo-MacCarthysme par David Zaruk, The Risk Monger (voir ici (in English)).
Sur le fond, il faut rappeler que vendre de la peur à propos des résidus dans l’alimentation, n’a pas de fondement scientifique. L’EFSA (agence de sécurité européenne) édite annuellement un rapport s’appuyant sur un programme européen d’analyses de résidus. Plus de 97% des aliments sont conformes aux LMR de l’UE. Réglementation particulièrement protectrice. Il faut de plus rappeler que les LMR ne sont en aucun cas des limites de sécurité des aliments, mais des limites réglementaires liées aux bonnes pratiques agricoles (Voir ici pour plus de détails). Il y a fort à parier que les résultats des analyses menées par GF révèleront, comme dans leurs précédentes enquêtes, des traces infimes, sans aucune signification. Nous aurons peut-être l’occasion d’y revenir…
[1] Voir La planète des hommes, réenchanter le risque, Gérald Bronner, puf, 2014, pp 5, 108, 114