Les producteurs de pommes n’ont pas (encore) réussi à faire modifier le titre empoisonné de Greenpeace sur les pommes (voir les épisodes précédents ici, ici et ici). Selon le jugement en référé rendu le 12 novembre, « il n’y a pas lieu de modifier le titre du rapport de Greenpeace qui s’intitule « pommes empoisonnées » ». L’ANPP[1] va faire appel du jugement.
Bref rappel
Le rapport publié par Greenpeace France en juin 2015, qui ne s’appuyait que sur quelques analyses de sol et d’eau et ce, dans des conditions approximatives, était titré « Pommes empoisonnées ». Dans les autres pays européens, aucun des autres rapports n’avait pas de titre similaire.
Il est logique de penser que ce titre, particulièrement agressif et ne s’appuyant même pas sur ce rapport, a contribué à la crise médiatique qui a suivi. L’ANPP a donc porté plainte en référé pour faire modifier le titre français.
Le jugement
Daniel Sauvaitre, président de l’ANPP, a mis l’ordonnance de référé en accès libre à son article de blog intitulé « Pour qu’un titre en prenne pour son grade. Suite..et pas encore fin ».
En résumé, la motivation du jugement s’appuie sur le fait que : « L’ANPP soutient encore que les pommes ne sont pas analysées dans le rapport. L’association Greenpeace France s’étant contentée d’analyser les sols et l’eau. Mais le consommateur est doué de raison et sait pertinemment que si les sols et l’eau sont contaminés, les produits agricoles qui poussent sur ces sols à l’aide de cette eau le sont également. En conséquence dire que les pommes sont empoisonnées lorsqu’elles poussent sur des sols remplis de pesticides ne constitue pas un propos dénigrant, dès lors qu’il s’appuie sur une base factuelle réelle, même si le rapport n’est pas construit avec une rigueur toute scientifique »
Les réactions à ce jugement
Les médias se sont en général appuyés sur le communiqué factuel de l’AFP.
Par exemple : France 3, Sud-Ouest.
Dans un communiqué de presse, l’ANPP constate que « la Justice reconnaît en revanche que le rapport de Greenpeace « n’est pas construit avec une rigueur toute scientifique » et que « C’est désormais prouvé. Le rapport de Greenpeace est vide » et envisage donc de faire appel.
La suite
Les producteurs, collectivement, « ont décidé de faire appel de ce jugement. Pas parce que ce sont des acharnés de la procédure évidemment. Mais parce qu’ils sont curieux de connaître l’analyse qui sera celle des trois magistrats de la Cour d’Appel comparativement à celle de leur consœur. » (article de Daniel Sauvaitre précédemment mentionné)
La bataille pour le retrait de ce titre empoisonné n’est donc pas terminée. Il faut en effet garder à l’esprit que :
– Comme l’écrit Daniel Sauvaitre dans un autre article (au sujet des actions de Greenpeace contre Leclerc), « ces profiteurs ne sont forts que de notre timidité ».
– Qui ne tente rien n’a rien
– « Justice rendue » n’est pas « vérité ». En tous cas, pas toujours.
– La bataille judiciaire ne doit pas se mener seule. Elle doit être accompagnée d’une bataille d’opinion (médias, réseaux sociaux…). L’ANPP a commencé à aller sur ce terrain. C’est encourageant.
[1] Association Nationale des Producteurs de Pommes et de Poires