Trois grands principes définissent clairement l’agriculture de conservation :
– La perturbation minimale du sol ;
– La couverture maximale du sol ;
– Des rotations de cultures et de couverts adaptées.
En agriculture (conventionnelle ou bio), le labour est utile : meilleure implantation des racines de la culture et enfouissement des adventices (« mauvaises herbes »).
Mais il présente de nombreux inconvénients : fragilisation du sol (qui devient plus sensible à l’érosion), minéralisation de la matière organique, déstructuration du sol (qui devient sensible à la battance et à la compaction), élimination des vers de terre et de la biodiversité du sol.
En adoptant ses trois principes, l’Agriculture de Conservation (AC) vise à protéger les aspects positifs de la vie du sol, sans en avoir les inconvénients. Cet objectif est louable, même si, en l’état actuel des connaissances et des techniques, il n’est pas toujours possible.
En fait, la notion d’agriculture de conservation regroupe des formes très diverses d’agriculture de la plus rationnelle et basée sur la science à la plus contestable. Cette diversité est la source de nombreux malentendus dans le débat sociétal autour de l’agriculture de conservation.
Wikipedia offre un bon résumé des définitions de base de l’agriculture de conservation et des techniques culturales simplifiées (qui sont un des outils de l’agriculture de conservation).
Quelques sites pour aller plus loin
Une partie du site de la FAO[1] est consacrée à l’AC. Elle permet d’avoir une vision complète et internationale de l’AC.
Sous le titre « L’agriculture de conservation : faut-il labourer le sol? », l’INRA consacre une partie de son site à l’AC. L’INRA y présente les grands principes de l’AC, ses travaux de recherche. Pour l’INRA, « La définition de l’agriculture de conservation laisse une marge d’interprétation assez large. » Et « l’agriculture de conservation se rattache naturellement à la notion d’intensification écologique et à celle, adjacente, d’agro-écologie […]. L’agriculture de conservation impliquerait donc une conception différente de la manière de produire. A ce titre, on peut aussi la considérer comme un phénomène sociologique, porteur de valeurs et drainant des mouvements militants. L’absence de labour en est la composante la plus emblématique, sous-tendue pour certains agriculteurs par un rejet de la rationalité technique et le désir de retrouver un lien avec la nature. »
L’association BASE (Biodiversité, Agriculture, Sol et Environnement) est « un réseau d’échange d’agriculteurs et de techniciens innovants qui mettent en œuvre l’agriculture de conservation », historiquement basé à l’ouest de la France. Les informations qu’elle publie sont pragmatiques et riches.
Le site Agriculture de conservation, très fourni, est lié à la Revue TCS (Techniques Culturales Simplifiées). Il est très hétéroclite.
Il accepte par exemple la biodynamie, discipline carrément ésotérique et astrologique… Sans aller jusque-là le site fait la part belle aux clichés environnementalistes : vitalisme, holisme, etc.
Mais il publie aussi des articles scientifiques, des rapports, des vidéos, etc.
La partie maraîchage/arboriculture est assez succincte et plutôt orientée sur le bio et l’agroforesterie.
Mentionnons enfin les tribunes d’agronomes aux assertions intéressantes, même si elles méritent débat. Par exemple celles de Matthieu Archambeaud, Jean-Marc Sanchez, Frédéric Thomas.
En gardant un œil critique, et en effectuant un tri pas toujours évident, on y trouvera nombre d’informations concrètes et intéressantes.
Mise à jour le 30 novembre 2015 :
Un lecteur nous signale le site de l’APAD (Association pour la Promotion d’une Agriculture Durable) que nous avons eu le tort d’oublier.
L’APAD est très présente sur le sujet depuis 15 ans avec des relations importantes au niveau international.
Développer la science agronomique
Des courants alternatifs –biodynamie, courants vitalistes ou holistes- tentent de s’accaparer la bonne image de l’AC, voire de disqualifier l’approche scientifique agronomique qui fait tout l’intérêt de l’AC. Ces ambiguïtés peuvent obscurcir le débat sociétal et nuire à sa bonne réputation, méritée, chez les agriculteurs.
Les principes de l’Agriculture de Conservation sont en effet cohérents avec une agriculture basée sur l’observation et la science (agronomie, biologie…), et donc « durable » au sens fort : pragmatique, respectueuse de l’environnement et rentable pour le producteur. Leur mise en œuvre, même quand elle ne peut être que partielle, est intellectuellement motivante.
[1] Food and Agriculture Organization, organisation des Nations-Unies pour l’agriculture et l’alimentation