Le gouvernement a rendu public un rapport intitulé « Évaluation du dispositif de délivrance du certificat individuel phytopharmaceutique (certiphyto) ».
Quelques médias en rendent compte en soulignant les jugements négatifs de ce rapport qui jugerait le Certiphyto « inefficace pour faire changer les pratiques ».
Par exemple Actu-Environnement titre « Pesticides : un rapport officiel pointe l’échec du dispositif Certiphyto ». « Le refus de la profession agricole de toute évaluation des connaissances [ferait] partie des explications »
Pour La France Agricole, « Un rapport le juge inefficace pour faire changer les pratiques ».
Il est vrai, comme le souligne Albert Amgar sur son blog, que la publication avec 14 mois de retard par rapport à son achèvement démontre la gêne du gouvernement.
Or d’une part, si le rapport souligne effectivement la complexité juridique et financière du dispositif et milite pour une vérification des acquis, donc une véritable formation, il propose des solutions concrètes.
D’autre part le rapport ne dit pas que le Certiphyto est « inefficace ». Plus nuancé, il souligne « une difficulté d’évaluation du Certiphyto en termes d’efficience et de résultats par rapport à l’objectif initial ».
Sur ces points, Référence Environnement, sous le titre « Ecophyto : le certiphyto doit viser l’évolution des pratiques » (abonnés) est assez fidèle à l’esprit de ce rapport.
Le rapport souligne d’ailleurs les progrès mesurables dans les pratiques (voir page 48 et 49 du rapport). Par exemple en rendant compte d’une enquête après formation.
Le principal constat négatif pour le rapport est que le Certiphyto n’a pas fait baisser les traitements en volume, selon les indicateurs choisis dans le plan Ecophyto. On rejoint là une question de fond :
Les producteurs perçoivent positivement la formation et appliquent ce qui est pertinent : les bonnes pratiques phytosanitaires, la protection de l’applicateur, le respect de l’environnement, la réflexion avant traitement, les principes de la protection intégrée, etc.
Mais n’appliquent pas ce qui n’a pas de pertinence pour leur activité. Or la réduction en volume, en soi, n’est pas pertinente !
C’est le constat que fait la Coordination Rurale, syndicat minoritaire, sous forme polémique, sous le titre « Certiphyto : arrêtez de prendre les agriculteurs pour des idiots ou des incompétents ! » : « Si la quantité de produits utilisés n’a pas diminué, ce n’est pas à cause du manque de formation et de l’absence de vérification des connaissances des agriculteurs. […] C’est oublier surtout que les quantités de produits utilisées dépendent en premier lieu de facteurs climatiques : les produits fongicides seront davantage utilisés lors d’une année humide, la pression des maladies cryptogamiques étant plus forte. Pour les mauvaises herbes et les insectes ce sont aussi des conditions climatiques plus ou moins favorables qui nécessitent d’intervenir plus ou moins fréquemment. »
La réalité est dure, mais c’est la réalité…