Sous le titre « Investigation : mentir utile ? », Daniel Schneidermann, dans Libération, se contorsionne pour pratiquement désavouer la rubrique désintox de Libération, qui avait mis en pièce le chiffre bidon de Cash Investigation.
Justifier le mensonge ?
D Schneidermann commence par minimiser le mensonge de Cash Investigation. Pour lui, Il s’agit d’une « erreur » que Cash a « (partiellement) reconnue ». On est loin des articles de la rubrique Désintox de Libération qui ne prenaient pas pour autant la défense des « pesticides », mais au moins s’en tenaient aux faits : Cash « persiste et signe » dans l’erreur des 97%.
D Schneidermann ne s’embarrasse visiblement pas de déontologie journalistique. Pour lui, « Tout imparfaite qu’elle soit, l’émission Cash a fait bouger les lignes sur les pesticides, comme précédemment sur d’autres sujets qu’elle a abordés. […] Dans ces conditions, à quoi bon pinailler un chiffre de l’équipe d’Elise Lucet ? Ne vaut-il pas mieux se concentrer sur les innombrables mensonges que les politiques projettent dans l’espace public ? »
Et de soutenir la logique de Cash Investigation… Certes avec des conditionnels, des interrogations rhétoriques, de pure forme, et des affirmations gratuites.
Car, bien sûr, pour D Schneidermann, ce serait mieux de ne pas mentir, et de « se battre «à la loyale». Car le mensonge – ou, pour n’offenser personne, l’approximation, l’étourderie, la malencontreuse erreur de chiffres –, l’adversaire ne les manquera pas. [Mais] L’adversaire a les moyens de se payer les escouades de communicants, qui monteront en épingle cette étourderie, cette approximation, pour «nourrir le doute», allumer les contre-feux, et délégitimer l’ensemble d’un travail d’investigation. »
Mais dit-il « On parle là, évidemment, d’un journalisme idéal, dans un monde idéal. » Et comme nous ne sommes pas dans ce monde idéal, il ne voit pas de problème au mensonge de Cash… Et évidemment, il ne parle pas des autres nombreux mensonges de l’émission Cash, qui est seulement « imparfaite », mais qui, selon lui, a un rôle positif !
Une analyse par Seppi
Sous le titre « « Cash Investigation » : « Si un chiffre, même faux, attire l’attention sur un problème réel, fait progresser la cause, où est le mal ? » », Seppi analyse en profondeur l’article de D Schneidermann.
Seppi insiste surtout sur les points suivants :
– Les nombreux mensonges de Cash Investigation : 97%, eau de Moriers, lien atrazine/autisme, lien pesticides et cancer des enfants, manipulation des analyses de cheveux…
– « Oui, trois fois oui, le combat est inégal. » clame Schneidermann.
Seppi lui répond fort justement : « C’est juste le sens de l’inégalité qu’il faut redresser… Les faits et chiffres de la rationalité aride n’ont pas la même efficacité que les « informations » sensationnalistes, surtout quand celles-ci s’adressent à l’émotion. »
Il conclut enfin : « Il est temps que la voix de la raison s’élève pour expliquer, calmement et posément, la contribution des « …cides » à la santé publique. »