Sous le titre « Airparif et les pesticides : il y en a qui ne manquent pas d’air ! », Wackes Seppi fait une analyse équilibrée de la publication des résultats de mesure en 2013 et 2014 des pesticides dans l’air à Paris et en Ile de France et de sa reprise dans les médias. « Le document est intéressant, mais avec des bémols qui tiennent surtout à une communication davantage destinée, à notre sens, à attirer l’attention qu’à informer. »
L’analyse de Seppi porte sur des points essentiels :
– AirParif ne communique que sur les « pesticides » et principalement sur ceux d’origine agricole, beaucoup moins sur ceux d’origine urbaine.
– AirParif ne communique que sur le nombre de détections, pas sur les taux retrouvés.
– « Puisque nous sommes en plein débat sur les néonicotinoïdes, Airparif n’en a détecté aucun. Autre « tueur d’abeilles », le fipronil a été détecté une fois à Paris. Raison probable sinon certaine : des chiens anti-pucés. Cela illustre du reste la précision des mesures effectuées. »
– La communication sur les « pesticides interdits détectés » est trompeuse : « Sur les 15 « pesticides interdits », quatre sont autorisés en biocides ! Et huit n’ont été détectés qu’à Paris, contre un seul (le diazinon) à Bois-Herpin [en zone rurale] »
– La communication d’AirParif est étonnamment discrète sur la diminution des détections et surtout des niveaux retrouvés, pourtant présente dans ses graphiques. Pour Seppi, « Une hirondelle ne fait pas le printemps… et la comparaison de deux mesures est à manier avec prudence. Toutefois, l’ampleur de la baisse est considérable et témoigne sans doute d’une amélioration de la situation. À quoi est-elle due ? Nous pencherons pour l’amélioration des pratiques de pulvérisation comme facteur principal, ainsi que du matériel »
Ce que nous retiendrons surtout, c’est que, comme il n’y a pas de normes établies, il est compréhensible de ne pas être absolument affirmatif sur les risques éventuels. Cependant des éléments permettraient d’être plutôt rassurant.
Ainsi, « en l’absence – regrettée, mais à tort – de réglementation, prenons la valeur cible française pour le benzène : 2 microgramme/m³ en moyenne annuelle. Le benzène, rappelons-le, est une saloperie. Les pesticides – de plus présents une partie de l’année seulement – sont très largement en-dessous de cette valeur moyenne.
Osons une autre comparaison. Airparif a relevé une concentration de 20,97 ng(nanogramme)/m3 de chlorothalonil, un fongicide, à Paris lors de la mesure de 23-25 avril 2014. C’est une valeur élevée par rapport à ce que l’on a trouvé pour d’autres substances. Mais c’est 100 fois moins que la valeur cible du benzène.
Pour une respiration de 15 m3 d’air/jour, cela représente 255 ng/jour. La dose journalière admissible – attention : par ingestion, pas inhalation, mais cela peut servir de point de comparaison – est de 0,015 mg/poids corporel/jour, soit, pour la personne standard de 60 kg, une dose journalière de 9 mg. L’apport de la respiration est de l’ordre de 2,8… cent millièmes de la dose admissible pour cette personne. Voilà pourquoi nous osons parler de faux problème ici. »
Ce qui justifie un des intertitres de Seppi résumant l’absurdité de l’absence de mise en perspective : « Une tonne de fer + un gramme d’or = deux métaux; une citrouille + un petit pois = deux légumes »
Bref, malgré une communication inutilement anxiogène, le rapport d’AirParif est intéressant, à condition de lire en détail comme l’a fait Seppi.
Par contre, la presse a redoublé dans la lecture anxiogène. Comme l’écrit Seppi à propos de France Inter : « Insouciance rédactionnelle ou volonté de berner ? »
Seppi accorde cependant un bon point à La Croix, s’appuyant sur un communiqué de l’AFP, qui s’est penché sur un autre rapport « bien plus important d’Airparif »
« En résumé : « Selon Airparif, cinq polluants dépassent toujours la réglementation : le dioxyde d’azote, les particules (PM10 et PM2,5), l’ozone et le benzène. »
C’est, sauf erreur, le seul journal qui s’y est intéressé. Mais, il est vrai, le dioxyde d’azote est bien moins sexy que les pesticides… »
La lecture de l’intégralité de l’article de Seppi est indispensable.