De nouveaux traitements sont expérimentés pour lutter contre Xylella fastidiosa, la bactérie qui ravage les oliviers des Pouilles en Italie du sud. Ce ne sont que des pistes. Elles pourraient stopper les accusations quelquefois délirantes.
Les nouvelles pistes de lutte
Dans un communiqué, l’EFSA (agence européenne de sécurité) annonce que des traitements testés dans la région des Pouilles sont « prometteurs », mais « n’éliminent pas pour autant l’agent pathogène »
Voir également « Xylella. Des traitements encourageants sur les oliviers des Pouilles » sur Ouest France.
On lira également avec intérêt « Une approche nouvelle contre « Xylella Fastidiosa » » sur l’Arboriculture Fruitière qui décrit une autre expérimentation portant sur un grand éventail de cultures (y compris en salades), menée par un consortium réunissant 33 laboratoires européens.
Toutes ces nouvelles méthodes ont pour caractéristique de s’attaquer directement à la bactérie présente dans la plante et non pas à l’insecte porteur.
Vers un débat plus rationnel ?
Ces nouvelles pistes peuvent peut-être rendre le débat plus rationnel en Italie. Car la bactérie Xylella fastidiosa fait des ravages aussi dans les têtes. Jusqu’ici la seule solution envisageable était l’arrachage des arbres malades.
Le débat faisait rage, ce qui peut se comprendre dans un contexte où les oliviers sont un élément essentiel non seulement de l’économie des Pouilles, mais aussi de son patrimoine culturel. Mais il prenait parfois des allures ahurissantes.
Pour s’en faire une idée on pourra lire « Xylella et les oliviers. Nouvel élément d’un divorce sciences-société ? » sur le site AgroBioSciences et « Les oliviers des Pouilles victimes de la Xylella et du scepticisme anti-sciences » sur Libération, deux articles de janvier 2016..
Les deux articles rendent compte de l’opposition à l’arrachage de la part de certains agriculteurs et écologistes, appuyée par la magistrature.
Certains parlaient d’une introduction volontaire de Xylella. « Neuf chercheurs ont donc été mis en examen car accusés de « diffusion d’une maladie des végétaux, présentation de fausses informations et faux éléments matériels auprès de personnes publiques, pollution environnementale, destruction de paysages remarquables » ».
Certains voyaient même, dans l’arrachage, la main de la Mafia : « Les abattages d’oliviers permettraient en effet de libérer des champs pour la construction de bâtiments illégaux, voire l’installation de fermes de panneaux solaires financées par le crime organisé »
La conclusion de l’article d’AgroBioSciences était : « En fait, pour Giovanni Vannacci, président de la Société italienne de pathologie végétale (Sipav), la vérité serait ailleurs : « l’affaire de la Xylella illustre une nouvelle fois l’attitude antiscientifique de la société et de la magistrature italiennes » (Libération). Un épisode qui rappelle à ce chercheur la mise au pilori des sismologues pour « ne pas avoir prédit le tremblement de terre de l’Aquila »
Une attitude vis-à-vis des sciences ambivalente, des questionnements croissants à mesure que la place des sciences et technologies grandit dans nos vies, un contexte de corruption exacerbée… autant de facteurs qui semblent conforter à la fois « scepticisme anti-science » et conspirationnisme.
Le thème de la défiance au progrès ou la question de la légitimité des sciences ne sont toutefois pas nouveaux. Et face aux crises sanitaires incessantes et aux enjeux environnementaux croissants, où trouvera-t-on la clef de la réconciliation du délicat couple sciences-société ? » (fin de citation)
On peut espérer que les nouvelles pistes de lutte constituent un début de réponse aussi à cette question…