Sous le titre « Le « Zéro Phyto », c’est pour demain ! », le blog Défi Ecologique considère la loi Labbé d’interdiction au 1° janvier 2020 de tout produit phytosanitaire (de synthèse, et hors produit de biocontrôle) comme une opportunité pour « ouvrir la voie d’une pensée nouvelle » pour les services espaces verts des villes : gestion différenciée, « reconnaissance des potentiels écologiques, prise en compte d’éléments de flore et de faune sauvages, revalorisation d’espaces et de milieux jusqu’à présent dévalorisés ».
E Malaret, auteur de l’article, centre fort justement son analyse sur la question du désherbage qui est la préoccupation principale des villes, et le coût le plus important. Il constate : « Il est essentiel de supprimer l’emploi de désherbant, mais encore faut-il pouvoir mettre des agents derrière la binette ! Par ailleurs, les heures passées à lutter contre les herbes ne seront pas dédiées à l’arrosage et à la tonte. »
Pour lui, « c’est donc bien un changement radical dans la gestion des espaces verts qu’il conviendrait d’engager. […] Le danger réside souvent dans la demi-mesure. »
Son résumé de la situation : « S’il est essentiel de changer le regard de la population sur l’herbe, il appartient aussi aux agents de collectivités de reconsidérer les délaissés, les friches, les bas-côtés, les fossés, etc. comme des zones d’une grande richesse en terme de biodiversité. Ce que Gilles Clément a nommé « Le tiers-paysage », en référence au tiers état, et qu’il convient désormais pour nous tous d’encourager, de contempler et d’accueillir. Des idées pour arriver à nos fins ? »
La tonalité militante écologiste et unilatérale de l’article servirait presque de repoussoir. Par exemple, pour E Malaret, l’enseignement agricole se résume à des « préceptes éculés, hérités du monde agricole productiviste » qu’il commence tout juste « à remettre en question ». Pourtant son article a un certain intérêt. Il synthétise bien les opportunités offertes par l’interdiction prochaine des phytos dans les villes.
Mais, restant dans une logique très écologiquement correcte, E Malaret minimise les difficultés de cette interdiction de principe. Il oublie que les produits phytosanitaires s’ils sont bien utilisés peuvent aussi aider à respecter l’environnement et la santé et réduire le travail et les coûts tout en ayant un nouveau regard sur les végétaux en ville, en formant les agents, en informant le public…