L’agri-bashing ne sévit pas qu’en France. Barbara Hendricks, ministre allemande de l’environnement le pratique allègrement sous une forme faussement douce : appels à l’émotion, brèves affirmations (ou plutôt lieux communs), rimes et sous-entendus. Les agriculteurs ne se laissent pas faire…
Seppi a traduit deux articles de Schillipaeppa, une bloggeuse allemande, qui permettent de bien se rendre compte de la situation.
« Agriculture bashing en Allemagne : une ministre de l’environnement pète un cable ! » et « Hendricks : « Nous ne diffamons personne » »
En résumé, le ministère de l’environnement allemand (BMUB) a lancé une campagne à 1.6 millions d’€ qui consiste à lancer sur les réseaux sociaux une série d’aphorismes du style :
« Si les agrotoxiques restent loin des champs, cela plaît à la protection des espèces. »
« Si rien ne change, il n’y aura plus de coq chantant sur le tas de fumier. »
Cette façon de procéder rappelle étrangement la campagne de FNE[1] à la veille du Salon de l’Agriculture de février 2011. Facteurs aggravants : nombreux angles d’attaque et, surtout, cela vient des pouvoirs publics eux-mêmes.
Barbara Hendricks affirme « nous ne diffamons personne, nous n’agressons personne en particulier, nous ne dénigrons aucune profession. » Il est vrai que les aphorismes par leur côté insidieux Pourtant, cette campagne était bien une véritable déclaration de guerre, qui a été ressentie comme telle par les agriculteurs allemands.
Le monde agricole a réagi à la fois sur le terrain institutionnel. Voir par exemple :
Voir « Règles pour les agriculteurs : lettre ouverte à la ministre Barbara Hendricks ». Heike Müller est agricultrice et vice-présidente de l’Association des Agriculteurs du Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, écrit « Nous, les agriculteurs, nous nous sommes presque habitués depuis le temps à être agressés par des organisations non gouvernementales avec des campagnes et des affiches multicolores et graphiquement bien conçues dans le style Martine à la ferme, mais au contenu contestable. C’est permis dans une démocratie, cela relève du discours social. Mais si de tels slogans émanent d’un ministère fédéral, et ont été financés avec l’argent des contribuables, cela prend une autre dimension. » Heike Müller argumente également sur le fond et conclut en demandant le retrait de la campagne.
Comme l’écrit Seppi : « Si nos milieux agricoles pouvaient en prendre de la graine… »
Les agriculteurs ont aussi répondu sarcastiquement sur les réseaux sociaux en adoptant la même forme :
« Si le NABU – l’association allemande pour la protection de la nature – a détourné le BMUB, l’objectivité y laisse à désirer. »
« Les ravageurs ont mangé le colza et le blé ? Il n’y avait pas de traitement des semences. »
Aux dernières nouvelles, la ministre de l’environnement s’est excusée auprès des agriculteurs et la campagne a été retirée.
Mise à jour du 22 février 2017 :
Un peu plus de détails sur le retrait de la campagne par la ministre de l’environnement dans :
« Agri-bashing en Allemagne : une réponse de la Ministre Hendricks » (Seppi)
[1] France Nature Environnement