Le Haut conseil de la santé publique (HCSP) vient de procéder à la « Révision des repères alimentaires pour les adultes du futur Programme national nutrition santé 2017-2021 » (plus connu par le slogan « Manger-bouger »)
Voir le rapport du HCSP.
Ce rapport est globalement dans la continuité des précédents. Il recommande en particulier d’éviter la sédentarité, le grignotage et les portions excessives, de privilégier une alimentation variée, les produits bruts et les fruits et légumes. Tous ces points sont étayés, incontestables et incontestés.
Mais une « nouveauté » du rapport a de quoi alerter. A propos des fruits et légumes, le HCSP fait la remarque suivante page 6 : « Le BIO est un mode de production limitant les intrants et constitue à ce titre un moyen de limiter l’exposition aux pesticides. Cependant, il ne permet pas d’éliminer totalement certains contaminants présents dans l’environnement (métaux lourds, dioxines, mycotoxines, pesticides organophosphorés, etc.). Par ailleurs, le recours aux produits BIO est un élément complémentaire aux repères principaux de consommation, qui sont eux des critères de choix prioritaires : par exemple, pour les fruits et légumes, le repère de consommation est d’au moins 5 par jour qu’ils soient BIO ou non ; s’ils sont issus de l’agriculture biologique, c’est un plus. Un produit gras et/ou sucré, même BIO, reste un produit gras et/ou sucré. » (mise en gras pas nos soins)
Certes l’affirmation que le critère BIO n’est pas « prioritaire » et la conclusion de ce paragraphe tempèrent le propos. Mais on peut s’interroger : Sur quelle base, une telle instance, qui fait autorité, s’appuie-t-elle pour justifier de tels propos ?
Or aucune source scientifique n’est fournie qui permettrait d’étayer l’idée que le Bio serait meilleur pour la santé ou que les résidus de pesticides en dessous des seuils réglementaires ne seraient pas sûrs. Soit les LMR ne sont pas sûres, et alors il faut en demander la révision. Soit elles sont sûres, et alors ce paragraphe n’a rien à faire dans le rapport du HCSP.
Le fameux « principe de précaution » est invoqué pour le même objectif dans les tableaux résumant les recommandations (pages 3 et 4). Une telle invocation, clairement abusive, du principe de précaution, est d’une utilisation courante dans le grand public, mais n’a rien à faire dans une publication d’un organisme revendiquant une autorité scientifique…
Cette dérive n’a pas échappé aux médias, encore moins aux médias environnementalistes. Campagnes et Environnement, par exemple, titre « Manger-Bouger se met à l’écologie »
Le risque est que la production dite conventionnelle soit rejetée par pseudo-précaution par exemple des repas des collectivités, alors que rien ne le justifie. Il serait sans doute judicieux que la profession réagisse.
Pour aller plus loin :
Bilan du PNNS 2011-2015