La plupart des médias ont relayé la récente étude bidon de Générations Futures sans aucun recul que nous évoquions dans « Glyphosate et urines : Nouvelle étude facebook et bidon de Générations Futures : Laissez pisser ! » Cependant deux articles de blog la décortiquent clairement et en détail. Lecture conseillée !
BunkerD, un blogueur sceptique rationaliste, met en ligne « Chiffres rassurants, rapport flippant : la méthode Générations Futures ». BunkerD montre que la campagne de GF est « dans la même veine » que celle de Greenpeace Belgique contre le glyphosate : « on oublie toute contextualisation et balance des données et comparaisons inquiétantes mais pourtant dénuées de la moindre pertinence. Et le pire dans tout ça, c’est que des journalistes suivent aveuglément. » Les deux leviers de GF pour inquiéter :
– Rappeler que le CIRC a classé la substance “cancérogène probable”. Or, l’OMS (dont dépend le CIRC) « a déjà tranché conjointement à la FAO : tout indique que le glyphosate n’est pas cancérogène par voie orale. »
– Comparer les taux retrouvés au seuil réglementaire dans l’eau. Or « le seuil à partir duquel l’eau au robinet est déclassée en tant que “non-conforme NC1”, [est un] déclassement invitant à s’interroger sur les raisons d’une telle présence de pesticides, mais n’impliquant aucun risque sanitaire. D’ailleurs, il est un seuil unique pour tous les pesticides, et ne prend donc aucunement en compte la toxicité de chacun, et en particulier de la faible toxicité du glyphosate en comparaison des autres pesticides. Mais surtout l’urine n’est pas de l’eau potable […] compare-t-on les poubelles aux étals des marchés ? »
BunkerD montre ensuite en quoi les données des analyse de GF sont en fait tout à fait rassurantes : « On est au pire à 0,2% de la DJA[1], et c’est avec ça que Générations Futures fait peur ?! C’est tout simplement ridicule. »
Enfin BunkerD analyse quelques articles de presse et montre que non seulement les journalistes pour la plupart « propagent les peurs les plus injustifiées, affectant par ailleurs fortement les processus démocratique en désinformant les citoyens », mais en plus en rajoutent une couche d’erreurs personnelles.
Seppi, blogueur bien connu des lecteurs de ForumPhyto, publie « Glyphosate : la nouvelle gesticulation pipi-toyable de Générations Futures ». Il fait également une analyse de fond de l’étude bidon de GF, qui rejoint factuellement celle de BunkerD, en particulier sur la question de la comparaison absurde avec l’eau potable et l’aspect en fait complètement rassurant des résultats de GF. L’intérêt spécifique de l’article de Seppi est son analyse ironique et néanmoins pertinente de la méthode de GF :
– Graphiques « esbroufe », « flot de chiffres, pourcentages à deux décimales pour des chiffres qui, déjà en eux-mêmes, n’ont guère de signification, comparaisons loufoques et ineptes », tout cela pour faire peur.
– Et présence de quelques « étoiles plus ou moins brillantes de l’activisme anti-pesticides et anti-OGM » pour faire le buzz.
Mais aussi et surtout « silence sur les études et déclaration rassurantes » et ignorance délibérée des avis d’experts. Le BfR, agence de sécurité allemande, a déjà réagi à une désinformation similaire en 2016 et avait souligné que l’on pouvait être rassurés quant à la santé des consommateurs. Et rajoutait « Du fait de l’augmentation constante de la sensibilité des méthodes analytiques, on peut détecter des quantités de substances de plus en plus petites » Seppi fait remarquer à juste titre qu’on attend toujours une réaction de l’ANSES, agence de sécurité française…
On lira avec intérêt l’intégralité de ces deux article
Pour notre part, outre la stupidité de cette étude sur le plan scientifique et son habileté médiatique destinée à faire le buzz (et malheureusement réussie du fait de journalistes complaisants ou ne faisant pas leur travail), nous soulignerons ubne nouvelle fois le machiavélisme politique de cette étude qui « tombe » en plein débat réglementaire au niveau européen.
Il serait temps que les autorités françaises et européennes agissent de façon responsable et s’appuient sur le travail scientifique de leurs experts au lieu d’écouter le buzz. Est-ce trop demander ?
[1] Dose Journalière Admissible : Dose que l’on peut ingurgiter quotidiennement toute sa vie sans inquiétude pour la santé selon les normes très protectrices édictées par la réglementation.